Bienvenue sur Thalassa
Thomas Pesquet à bord de la Station spatiale internationale, nous propose tous les jours de nouvelles photographies de la Terre sur les réseaux sociaux. Une fois n’est pas coutume, en voici trois d’un coup qu’il a commentées ainsi : “ Notre “bille bleue”, pour reprendre l’expression célèbre des astronautes d’Apollo 17. Parfois il n’y a aucunes terres en vue, même depuis notre point d’observation à 400 km d’altitude. Ça donne un aperçu furtif de ce que devaient ressentir les explorateurs en mer ”.
L’image 1 a été prise le 12 mai à 19h50, à l’aide d’un Nikon D5 muni d’un objectif de 170 mm ouvert à 29. La Station spatiale survolait alors l’océan Pacifique, loin au Nord de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Les images 2 et 3 ont été prises le 14 mai à 21h22, à l’aide du même Nikon D5 muni d’un objectif de 40 mm ouvert à 13 et 14 respectivement. La Station spatiale survolait alors la mer des Philippines, non loin de l’île de Palaos.
On l’apprend tous à l’école : l’hydrosphère terrestre occupe une partie importante du globe. C’est un cas unique dans le Système solaire, et pour le moment à notre connaissance dans l’Univers. Elle regroupe l’ensemble des zones de la planète où l’eau est présente, quelle que soit sa forme. Ainsi qu’elle soit liquide (océans, mers, lacs, fleuves, rivières, nappes phréatiques, aquifères…), qu’elle soit solide (calottes, glaciers, banquises, neiges éternelles ou saisonnières…), qu’elle soit gazeuse (vapeur d’eau) ou qu’elle soit contenue dans les êtres vivants, l’eau est un élément majeur dans l’astrophysique et la géophysique de notre planète.
Un unique et complexe cycle de l’eau s’opère dans l’hydrosphère terrestre, processus déterminant dans l’émergence et le développement de la vie sur Terre. L’eau est nécessaire mais pas suffisante… et il a fallu bien d’autres éléments et circonstances, encore mal connus pour parvenir à ce que l’on observe aujourd’hui dans notre environnement spatial. La Terre est une oasis, fragile et tiède.
On estime à environ 1,4 milliard de km3 le volume de l’hydrosphère terrestre, dont 94% se situe dans les océans qui recouvrent 75% de la surface du globe. 97,5% des eaux terrestres sont salées et donc 2,5% des eaux sont douces.
L’origine de l’eau sur Terre fait toujours débat dans la communauté scientifique, et il est ainsi probable qu’elle soit double : une grande partie de l’eau de la planète proviendrait d’un dégazage massif de ses constituants primitifs, peu après sa formation initiale il y a 4,56 milliards d’années, tandis qu’une moindre quantité serait venue lors des dernières phases d’accrétion, d’un bombardement météoritique et cométaire tardif, il y a 3,8 milliards d‘années…
Quoiqu’il en soit, l’eau est une ressource que le vivant partage, et qui semble inépuisable vue de loin. C’est en fait tout le contraire : les activités humaines et nos technologies, à toutes les échelles qu’elles soient mises en œuvre, nous permettent de polluer et de souiller d’une façon inédite, l’ensemble de l’hydrosphère. C’est précisément cela qu’il faut dénoncer, en informant comme le fait Thomas Pesquet, pour qu’une prise de conscience émerge au plus vite, de sorte à mieux gérer cette ressource vitale.
Gilles Dawidowicz, président de la Commission de Planétologie
Crédits : ESA/NASA–T. Pesquet
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