Albert Ducrocq demeurera dans nos mémoires comme la voix qui nous faisait rêver aux débuts de l’ère spatiale, et la plume qui nous en détaillait les grandes premières dans la presse française.
Il se trouve que, en 1977-1978, cette presse avait fait ses gros titres de la première sélection d’astronautes par le Cnes (une femme parmi quatre hommes !), puis de la présélection d’astronautes européens par l’ESA. J’ai d’ailleurs conservé une page fort jaunie des « Dernières nouvelles d’Alsace » du 5 octobre 1978, sur laquelle étaient présentés deux articles, intitulés « Albert Ducrocq ou la foi en l’espace » et « Anny-Chantal Levasseur-Regourd : une mère de famille, astronaute de charme ».
Toujours est-il qu’Albert Ducrocq pensa à me contacter pour écrire un ouvrage de diffusion des connaissances, intitulé « L’Atmosphère et ses phénomènes » pour la collection « Forces du monde » qu’il dirigeait aux Editions de Vecchi. Après avoir suivi une formation à l’ENS, puis obtenu une agrégation de mathématiques et une thèse d’état en physique au Service d’aéronomie du CNRS, tout en étant passionnée d’aéronautique et d’astronautique, je ne pouvais qu’accepter cette proposition. Au cours de mes travaux de rédaction, j’ai eu le plaisir de rencontrer à deux ou trois reprises Albert Ducrocq, qui m’a donné de précieuses suggestions. La preuve en est que le livre, paru en 1980, a reçu en 1982 le prix Thorlet de vulgarisation scientifique.
Dans sa préface (très élogieuse à mon égard), Albert Ducrocq anticipait remarquablement de futurs développements, en écrivant par exemple : « L’attention des hommes avait été attirée très tôt par les événements de toute nature – tempêtes, cyclones, arcs-en-ciel, foudre, météores – dont épisodiquement l’atmosphère de la Terre était le théâtre… C’est toutefois à une époque récente qu’une synthèse de ces phénomènes a été possible… Il faut renoncer au modèle d’une atmosphère dont le rôle aurait été uniquement physique. À l’ère spatiale, on réalise qu’elle connaît une prodigieuse activité chimique… ».
Alors que nous avons désormais compris la fragilité de notre planète, tout en étudiant les interactions de l’atmosphère avec diverses particules, ainsi que les atmosphères de planètes ou exo-planètes, ce livre mériterait probablement, en hommage à Albert Ducrocq, que je le mette bientôt à jour…
Anny-Chantal Levasseur-Regourd