Le troisième homme de la mission Apollo 11 n’est plus

Crédit : Bill Ingals / NASA

C’est par un communiqué de la famille sur les réseaux sociaux (Facebook et Twitter) que nous avons appris le décès de l’astronaute Michael Collins, survenu mercredi 28 avril. Il avait 90 ans.
« Nous avons le regret de vous informer que notre père, et grand-père, bien-aimé est décédé aujourd’hui, après une vaillante bataille contre le cancer. Il a passé ses derniers jours, paisiblement, accompagné de sa famille à ses côtés ».
Pilote du module de commande de la mission Apollo 11, il est celui qui est resté en orbite autour de la Lune pendant que Neil Armstrong et Buzz Aldrin marchaient sur la Lune, dans la nuit du 20 au 21 juillet 1969. Au retour de ceux-ci du sol lunaire, Collins prend une photo devenue célèbre du module lunaire Eagle survolant la Lune avec la Terre en toile de fond, intitulée « Toute l’humanité sauf un ».
Michael Collins est sélectionné en 1963 dans le Groupe 3 de la Nasa (il avait déjà tenté, sans succès, la sélection du Groupe 2 en 1962). Il est pilote de chasse puis pilote d’essais de l’US Air Force avant sa sélection.
Il est d’abord affecté au programme Gemini, où il est la doublure de James Lovell sur Gemini 7 en décembre 1965, avant d’effectuer son premier vol avec Gemini 10 en tant que pilote en juillet 1966. Il y effectuera deux sorties extravéhiculaires.
Il est ensuite affecté à la mission Apollo 8 avec Frank Borman et Bill Anders. Mais un problème d’hernie discale cervicale l’écarte de cet équipage et il se retrouve affecté à Apollo 11. A l’époque, on ne sait pas encore qu’elle sera la première mission à se poser sur la Lune.

Un rôle primordial
On connaît la réussite et le succès d’Apollo 11. Les noms d’Armstrong et d’Aldrin sont entrés dans la légende. Mais celui de Michael Collins, le troisième homme de la mission, est aussi entré dans l’histoire, tant son rôle fut primordial, puisque c’est lui qui récupéra les deux héros qui se trouvaient à bord du LEM, tout simplement !
A chaque conférence qu’il donnait, on lui posait systématiquement la même question : « Vous êtes si proche de la Lune et vous ne vous y êtes jamais posé… Cela ne vous a jamais dérangé, frustré ? »
Et Michael Collins répondait lui aussi invariablement : « J’ai toujours senti comme un privilège d’être sur Apollo 11, et d’occuper un de ses trois sièges ! Ai-je eu le meilleur des trois ? Assurément non, et j’ai été très heureux d’avoir celui que j’avais ! Je n’ai jamais eu de sentiment de frustration, j’étais heureux de la place qui était la mienne ! ».
Michael Collins, qui était aussi peintre à ses heures perdues, est à l’origine du fameux écusson de la mission Apollo 11. C’est lui qui a dessiné l’aigle qui y figure (modifié ensuite légèrement par la Nasa pour qu’il soit moins agressif).
Il prend sa retraite d’astronaute après le tour du monde de l’équipage (août à octobre 1969). Il aura passé au total 11 jours, 2 heures, 4 minutes dans l’espace.
A partir de 1971, il est le directeur du National Air and Space Museum à Washington, fonction qu’il occupera jusqu’en 1978.
Il écrira plusieurs livres (Carrying the Fire ; Lift-off ; Mission to Mars et même un ouvrage pour la jeunesse traduit en France par Fernand Nathan : En route pour la Lune).
Son avant-dernier tweet, posté le 22 avril dernier à l’occasion de la journée mondiale de la Terre, résonne comme une épitaphe : « Je suis certain que si tout le monde pouvait voir la Terre flotter juste devant sa fenêtre, chaque jour serait le jour de la Terre. Il y a peu de choses plus fragiles ou plus belles que la Terre, travaillons ensemble aujourd’hui et chaque jour pour protéger notre foyer ».
Son compagnon Buzz Aldrin, dernier survivant de la mission Apollo 11, lui a rendu hommage sur Twitter : « Cher Mike, où que tu aies été ou que tu sois, tu auras toujours le feu pour nous porter habilement vers de nouveaux sommets et vers l’avenir. Tu vas nous manquer. Puisses-tu reposer en paix ».

Stéphane Sébile
Webmaster du site Space Quotes / Souvenirs d’espace
Secrétaire de la Commission Astronautique et techniques spatiales