La SAF rend hommage à Jean-Claude Pecker (1923-2020)

Crédit : Christian Larcher

J’ai appris hier soir le décès de notre ancien Président et ami Jean-Claude Pecker. C’est pour nous et toute la communauté scientifique une perte immense. Et une profonde douleur pour tous ceux qui, comme moi, l’avons fréquenté.
Personnalité hors du commun, il était certainement la plus haute autorité scientifique et morale de notre association. Il était le dernier responsable a avoir connu et travaillé avec Gabrielle Flammarion.
Jusqu’au bout, il aura suivi de près les activités de la SAF et aura assumé son rôle de “sage” et de conseil tant auprès des Présidents qui lui ont succédé que d’autres responsables de notre association. Personnellement, depuis le début de ma présidence, je l’ai rencontré fréquemment, l’hiver, à son domicile parisien pour échanger sur les transformations en cours à la Société astronomique de France (SAF) et il correspondait avec moi par courriel (malgré ses problèmes de santé) depuis l’Ile d’Yeu. Tout en étant conscient des dures réalités auxquelles nous étions confronté, il manifestait toujours de l’enthousiasme et un optimisme sans faille quant il s’exprimait sur la SAF ou les projets de rénovation de l’observatoire Camille-Flammarion de Juvisy.
La SAF s’associe de tout cœur à la peine de sa famille et à celle de ses proches.
Patrick Baradeau
Le Président de la SAF

Même si tout le monde s’attendait depuis la fin janvier à voir partir notre cher Jean-Claude, malgré ses 96 ans, quelle profonde tristesse tant il incarnait la jeunesse éternelle, la simplicité, l’écoute et la passion pour une astronomie initiée auprès de Madame Gabrielle Flammarion et qu’il a toujours partagé avec le plus grand nombre par ses écrits et ses nombreuses interventions, entre autre, au Collège de France. Jean-Claude Pecker a été, avec Charles Fehrenbach et Evry Schatzman, l’un des pères fondateurs de cette astrophysique française qu’il a contribué à porter à ses sommets.
A titre personnel, Jean-Claude était un ami de longue date. Il fut mon parrain lors de mon entrée à la SAF en 1974, une oreille attentive de chaque instant de ma longue présidence de 2005 à 2014, lui qui soutenait que 3 ans de présidence à la SAF c’était déjà beaucoup trop. En 2007 j’ai eu l’honneur et surtout le plaisir de lui remettre à Juvisy le Prix Manley Bendall récompensant 60 années de fidélité à cette Société Astronomique de France qu’il affectionnait plus que tout et à son tour, en 2017, Jean-Claude m’a remis la médaille des anciens présidents et jusqu’à cette triste journée il aura été un constant soutien au comité scientifique de l’observatoire Charles Fehrenbach.
Jean-Claude nous quitte ce 20 février… six jours avant le 178ème anniversaire de la naissance de Camille Flammarion pour lequel il avait une profonde admiration et dont il a toujours perpétué le souvenir. A l’initiative en 2006 du manifeste de l’Académie des Sciences pour la sauvegarde de l’observatoire de Juvisy, la SAF lui doit beaucoup dans le succès de la remise en fonction de ce haut lieu des premiers pas de l’astrophysique.
Scientifique tout autant qu’artiste, Jean-Claude a été lauréat de Concours Général en dessin en 1939. L’Union Astronomique Internationale lui doit, entre autre, son logo et l’aquarelle l’a toujours suivi dans ses nombreux déplacements puis pour colorer les instants heureux et difficiles d’une longue retraite qu’il partageait entre Paris et l’île d’Yeu.
A son amie, à sa famille et à ses proches, je prie de recevoir mes plus sincères condoléances.
Philippe Morel
Médecin
Ancien Président de la Société Astronomique de France (2005-2014)

C’est avec une grande émotion que j’ai appris la disparition de Jean-Claude Pecker. Même si je n’ai pas été son élève, il a toujours représenté pour moi une sorte de modèle du scientifique. Ce fut d’abord un chercheur pointu dans son domaine de prédilection, la physique théorique des atmosphères stellaires, mais qui s’est ouvert à d’autres domaines comme la cosmologie, en y gardant un certain esprit critique. Avec son grand ami Evry Schatzman, il a joué un rôle majeur dans l’enseignement et le développement de l’astrophysique française depuis les années 1950. Mais ce fut aussi et peut-être surtout un savant qui n’est pas resté dans sa tour d’ivoire, s’est parfois confronté au mandarinat, et s’est fortement impliqué dans la vie de la société. Jean-Claude Pecker fut un humaniste, adepte du rationalisme, qui a constamment milité par ses écrits, ses conférences, ses actions, à la défense et l’épanouissement de la culture scientifique, partie intégrante de toute culture comme il le répétait aux politiques. En particulier, il fut soucieux de promouvoir cet esprit chez les jeunes et les étudiants. Plus particulièrement comme ancien Président de la Société Astronomique de France (1973-1976), je me souviens de son attention et sa générosité envers la SAF dont il était une figure historique, toujours soucieux de perpétuer l’esprit de Camille Flammarion et toujours préoccupé par la consolidation des collaborations entre amateurs et professionnels de l’astronomie, en particulier de collaborations internationales, à l’instar du rôle moteur qu’il avait joué dans le développement de l’Union Astronomique Internationale. Il y a peu de mois encore, il participait au jury du Prix Janssen de la SAF en y apportant le vécu de sa connaissance des développements de l’astronomie. Sa disparition nous affecte tous à la SAF et dans la communauté astrophysique internationale. Je lui garderai une grande admiration.
Roger Ferlet
Astrophysicien
Ancien Président de la Société Astronomique de France (1997-2001)

Jean-Claude Pecker et la SAF… quelques souvenirs
J’ai appris avec beaucoup d’émotion et de tristesse le décès de Jean-Claude Pecker. Mon entrée au Conseil de la Société astronomique de France en 1973 coïncida avec son élection à la présidence de la Société. C’est grâce à la SAF que nous avons noué des liens d’amitié, renforcés au fil des années par notre intérêt commun pour l’histoire des sciences et la popularisation des connaissances scientifiques. Fin 1974, je lui dois d’avoir été appelé à succéder au secrétaire-adjoint de la Société, démissionnaire, et d’être ainsi entré au Bureau pour, me disait-il, y faire souffler un vent de jeunesse et de modernité (je n’avais que 25 ans !).
Dès sa prise de fonction, Jean-Claude Pecker s’attacha à résoudre deux problèmes majeurs qui handicapaient la SAF depuis son éviction de la rue Serpente, en 1966 : elle ne disposait plus d’un siège social adapté à ses besoins, ni d’un observatoire populaire parisien. Après s’être convaincu de la nécessité de séparer les deux problèmes, Jean-Claude Pecker, grâce à sa notoriété et à son vaste réseau de connaissances, en vint à bout : en 1974, furent achetés les locaux de la rue Beethoven et, l’année suivante, une convention signée avec la chancellerie de l’université de Paris mit l’observatoire de la Sorbonne à la disposition de la SAF, à charge pour elle d’y effectuer d’importants travaux de réfection et d’équipement. Une autre convention permit de fixer les rapports privilégiés entre la SAF et le Palais de la Découverte.
S’il œuvra pour l’avenir de la SAF, Jean-Claude Pecker n’oubliait pas son fondateur. Il veilla à ce que la Société célèbre avec éclat à la Sorbonne le 50 e anniversaire de la mort de Camille Flammarion. Il convainquit aussi les éditions Flammarion de rééditer en fac-similé à cette occasion l’Astronomie populaire, augmentée d’une postface soulignant les progrès intervenus dans la connaissance de l’Univers depuis la première édition.
Soucieux d’accroître l’audience et la visibilité de la SAF, Jean-Claude Pecker encouragea la création, en 1975, d’un Comité des relations extérieures, alla à la rencontre de clubs ou d’associations d’amateurs, et veilla à ce que la Société soit associée à la réalisation, pour la chaîne de télévision FR3, d’une série de six émissions dont il fut le conseiller scientifique : Voyages dans le cosmos ou la nouvelle Astronomie populaire.
Des liens particuliers unissaient Jean-Claude Pecker à l’observatoire de Camille Flammarion, à Juvisy. Il avait connu Gabrielle Flammarion et figurait parmi les personnalités qu’elle désigna dans son testament pour administrer l’observatoire après sa mort. Si l’on évoquait déjà sous sa présidence la création d’un espace muséographique, il n’eut de cesse, ensuite, de se préoccuper de l’avenir de cet observatoire.
Durant mes années de présidence de la SAF, entre 1987 et 1993, alors que la Société traversait une période difficile, nous avons souvent correspondu. Ses remarques, ses conseils avisés et son soutien m’ont été extrêmement précieux.
Philippe de la Cotardière
Écrivain, journaliste scientifique
Ancien Président de la Société Astronomique de France (1987-1993)

Écoutez Jean-Claude Pecker parler de son parcours atypique de “scientifique littéraire” et de sa passion pour la civilisation et la littérature grecque.