« MES CHERS AMIS… »
J’entends encore résonner sa VOIX ! Extraordinaire ! Albert Ducrocq était EXTRAORDINAIRE !
Je l’ai connu, sur les ondes, par la radio, sur Europe n°1. Puis j’ai participé au concours de Pif-Gadget en 1979 (Pif-Gadget n° 538 – juillet 1979 – La Fabuleuse aventure de l’Homme dans l’Espace, Albert Ducrocq présente : le premier message de l’Homme aux extra-terrestres), à l’âge de 11 ans, où j’ai failli avoir le premier prix (grâce à Alain Souchier).
Je me souviens avoir gagné le vaisseau spatial LEGO. J’ai été déçue car un des prix, si me souviens bien, était un télescope ! Or à cette époque, j’étais passionnée par l’astronomie… Les étoiles, les planètes, les galaxies me fascinaient. Je faisais partie du Club d’astronomie de St Georges sur Baulche, où nous observions régulièrement le ciel et avions poli un miroir pour un télescope.
Cette passion de l’astronomie, je la dois à la découverte dans le grenier de mes arrière-grands-parents, d’un livre l’Astronomie pour garçons et filles, Un grand livre d’or, aux éditions des Deux Coqs d’Or. J’avais alors 7 ans.
Ecrivez en 40 mots, il me semble, un message aux extra-terrestres… Passionnée de poésie, je m’étais appliquée à leur écrire un message…
Quelques mois après, nous étions invités dans la famille pour Noël. Nous devions participer à l’émission de Pierre Bellemare. Mais pas de chance, ou coup du destin, nous n’étions pas inscrits sur la liste. Donc obligés d’attendre… Et tout à coup descendant les quatre marches, des studios d’Europe n°1, est apparu Albert Ducrocq. Immédiatement, je le reconnu. Et mon père s’approcha de lui en lui indiquant ma présence et expliquant ma participation au concours de Pif Gadget. Albert Ducrocq se souvenait parfaitement de mon classement et de mon prix. Il prit mes coordonnées et une fois rentrée à la maison, je découvris le livre qu’il venait d’écrire : A la recherche d’une vie sur Mars, aux éditions Flammarion. J’étais sur un petit nuage, avec sa dédicace… Ce fut ma première émotion et rencontre avec lui. Il y en a eu beaucoup d’autres ensuite.
Je fus ensuite invitée régulièrement à la Maison des Centraux, où j’ai eu la chance de rencontrer
Isabelle Grenier, André Brahic et tant d’autres. Les conférences me passionnaient toutes. J’ai aussi vu Claudie André-Deshays à la Maison des centraux et Patrick Baudry, qui a accepté de me parrainer.
Il y eut aussi le Salon du Bourget, tous les deux ans.
Je me souviens émue de celui de 1981, « Espace et XXe siècle », où j’ai eu la possibilité de rencontrer les astronautes John Young et Robert Crippen de retour de leur vol à bord du Shuttle Columbia, STS-1, 12 avril 1981, cela fait 40 ans déjà !
Hélène Givaudin avec John Young, Robert Crippen, Cécile Givaudin (assise) et une autre personne (debout en arrière-plan), dans le cockpit réalisé pour le salon du Bourget en 1981
J’ai vu aussi Ulf Merbold, premier Européen à voler à bord du Shuttle, Spacelab-1, en décembre 1983.
Avec Ulf Merbold
Albert Ducrocq, Ulf Merbold et Hélène Givaudin
A la fin de ce Salon du Bourget, Albert Ducrocq m’avait donné les photos et les textes afin de réaliser une dizaine d’albums photos. Il m’en a offert un en remerciement du travail. Cet album, j’ai pu le montrer à Christian Lardier afin qu’il prenne quelques copies de ces photos pour la plupart historiques. Celle où l’on voit Valéri Rioumine notamment.
En 1983, lors du Salon du Bourget, j’avais présenté en association avec les ingénieurs de Hewlett Packard, le fichier astronautes-cosmonautes (que j’avais réalisé sur les conseils d’Albert Ducrocq) et mis sur l’ordinateur tactile HP150.
Puis il y a eu ma participation au concours Ciel & Spacelab, en 1983, j’avais proposé d’envoyer une aiguille aimantée et voir comment elle s’orientait dans l’espace. Mon idée fut retenue et je partie avec un groupe d’une dizaine de jeunes aux Etats Unis. (Pascal Lee, Philippe Coué, Sylvain Raimbault, Muriel Farizon, Dorothée Tillois, Emmanuel Galopeau, Isabelle Bichet, etc.), grâce à Europe1. Ce voyage nous a réunis et permis de devenir membres du Cosmos Club de France (C2F) à notre retour en France…
Je me souviens d’avoir assisté avec les personnes du groupe au décollage de Spacelab-1, en décembre 1983, à quelques kilomètres du Pad 39A. C’était la première fois que j’assistais au décollage d’un engin spatial. Et en plus, celui-ci contenait Ulf Merbold, premier Européen à partir à bord d’une navette et rencontré quelques temps avant… J’ai su après qu’il avait réalisé mon expérience de l’aiguille aimantée mais je n’ai pas eu les résultats de l’expérience ensuite.
Avec le groupe à Houston
Dîner du C2F, à la fin des années 90
Il y eu de magnifiques réunions du C2F, chez Philippe Coué. Ses parents nous accueillaient avec bonheur et la présence d’Albert Ducrocq était un soleil pour tous.
Les numéros Orbite sont sortis à ces moments-là.
Puis fut formé en 1985 le groupe de futurs astronautes avec moi-même Hélène Givaudin parrainée par Patrick Baudry et Emmanuel Galopeau par Claude Nicollier. Ce groupe publiait le bulletin «Astrion».
Photo prise par Pascal LEE, à la Maison des Centraux, le 10 novembre 1984. De gauche à droite : Alain SOUCHIER, Patrick BAUDRY, Albert DUCROCQ et Hélène GIVAUDIN.
Maison des Centraux, avec le 1er Bulletin Astrion que je tenais dans les mains en présence d’Albert Ducrocq, le 22 mars 1986.
Nous avons continué de multiples opérations dans la joie et le partage de notre passion commune : l’astronomie et l’astronautique… pour la diffusion auprès de tous.
Il y eu aussi l’opération Drapeau de la Terre, Dessinez un drapeau pour la terre, en 1991 avec l’aide d’Europe 1 et d’Antenne 2. J’avais lancé l’idée lors d’une réunion du C2F, en vue du salon du Bourget.
De mon point de vue, un drapeau représentant la Terre à déposer sur la Lune, qui devait ensuite permettre d’être le symbole pour la Maison de la Terre et de pouvoir être le drapeau, flambeau d’opérations humanitaires et climatiques, centralisant les données et financements par la suite.
La sélection du drapeau gagnant parmi plus de 17 000 dessins reçus par Europe1, fut l’occasion d’une réunion dans les locaux d’Europe 1, en présence d’Albert Ducrocq, Jean-François Clervoy, des membres du CNES et de moi-même. Une présélection avait été réalisée auparavant avec l’aide de Patrick Baudry et de Jean-Loup Chrétien aussi.
Le drapeau fut hissé au salon du Bourget en juin 1991, en présence d’Albert Ducrocq, d’Hubert Curien, Ministre de la Recherche et de la Technologie, et de Paul Quilès, Ministre des Postes et télécommunications et de l’Espace.
Puis en 2001, j’étais à Venise et j’avais toujours appréhender d’y aller (cf. le film Mort à Venise). La veille de mon retour en France, j’apprends grâce à ma cousine Marie-Pierre par téléphone qu’Albert Ducrocq venait de décéder… Le ciel me tombait dessus !! La veille, j’avais croisé sur un vaporetto Carolyn Carlson… Mes deux passions, la danse et l’astronomie-astronautique, se sont à nouveau mélangées à ce moment-là.
En 2007, j’ai pu sur les ondes d’Europe 1, témoigner juste après la mort de Maurice Béjart, du lien que j’avais eu aussi avec Albert Ducrocq. Mon témoignage m’a permis de concilier, de rendre hommage aux deux personnes, qui ont été très importantes dans ma vie : Albert Ducrocq et Maurice Béjart…
Albert Ducrocq à l’Opéra de Paris, le 16 décembre 1990 lors de la Fête du Livre, photo prise par Hélène Givaudin
Hélène Givaudin