« Bonjour les amis ! » Sans se retourner, bien sûr, on la reconnaissait entre mille, la voix d’Albert Ducrocq, lorsqu’il arrivait au service sciences du Figaro, nous proposer ses sujets de la semaine. Et parfois partager des confidences de savants ou de patrons d’institutions scientifiques qu’il ne voulait pas toujours publier pour ne pas se fâcher avec ses sources… Une voix qui décollait comme une fusée, avec tant d’enthousiasme et de décibels qu’à Kourou ou Cap Canaveral, il y avait toujours un confrère de la radio pour raconter que commenter un lancement à côté d’Albert n’était pas un cadeau : son enthousiasme perçait les casques des concurrents d’Inter ou de RTL.
Mon souvenir sur ce point n’est plus précis, mais c’est sans doute sur une idée d’Albert, et certainement par son entremise, que Le Figaro avait obtenu que Jean-Pierre Haigneré nous livre un carnet de bord hebdomadaire depuis la station Mir où il séjourna six mois. C’était vingt ans avant Thomas Pesquet. Il n’y avait pas Twitter, Internet balbutiait. Les écrits du spationaute, souvent philosophiques et poétiques, étaient livrés non sans mal via Toulouse. Si Jean-Pierre avait accepté cet collaboration exceptionnelle, l’aura d’Albert dans le milieu astronautique y était certainement pour beaucoup.
Fabrice Node-Langlois
Chef du service Economie internationale au Figaro