Riyad la nuit
Thomas Pesquet nous propose une nouvelle vue de nuit avec le commentaire suivant : “Riyad. Les rues de la capitale de l’Arabie Saoudite dessinent des formes très régulières et brillantes dans l’obscurité. La poche sombre au centre de la ville est particulièrement remarquable, mais je ne sais pas ce que c’est”.
L’image a été prise le 8 mai 2021 à 19h13, à l’aide d’un Nikon D5 muni d’un objectif de 400 mm ouvert à 2.8. Le Nord se situe vers 14 heures. L’image couvre une zone d’environ 45 x 35 km.
Nous sommes effectivement au-dessus de Riyad, la capitale de l’Arabie Saoudite. La ville se situe quasiment au centre de la péninsule arabique, sur un haut plateau nommé le Nejd. Il occupe une grande partie du pays, est bordé à l’Ouest par le Hedjaz et les monts Sarawat, tandis que sur sa bordure orientale il descend plus ou moins lentement vers le golfe Persique via une zone de transition et un vaste désert. C’est le Rub al-Khali, qui à cette latitude fait environ 300 km de largeur et dans lequel on trouve des champs de dunes et des regs.
Le Rub al-Khali couvre près de 650.000 km² de superficie ; c’est l’un des plus vastes déserts terrestres, et l’une des plus grandes étendues de sable au monde. C’est aussi l’un des endroits les plus inhospitaliers de la planète : le climat y est extrêmement aride, avec des précipitations annuelles inférieures à 100 mm et concentrées durant quelques jours seulement. Les températures y sont extrêmes allant jusqu’à 60 °C le jour et -10 °C la nuit, ce qui peut provoquer des écarts thermiques sur 24 heures assez importants. Dans les ergs, ce désert est recouvert d’une couche de sable dont l’épaisseur atteint parfois 200 m. On y rencontre également des champs de dunes dont certaines peuvent atteindre 300 m de hauteur, soit 100 m de moins que les dunes géantes de Namibie !
Mais revenons au cliché de Thomas. Comme il le souligne, la ville est quadrillée à la manière nord-américaine : les grands carrés – que les américains appellent des “blocs” – font 2 km par 2 km et sont soulignés par de grandes artères routières ! Le cadastre est donc assez simple à gérer. De plus en plus fréquemment, on peut noter pour les photographies des villes prises la nuit, de grandes différences dans l’éclairage des rues : dans certains quartiers les lampadaires envoient de la lumière blanche ou bleutée, dans d’autres, elle est orangée. Dans tous les cas, c’est une véritable pollution lumineuse que les astronomes professionnels et amateurs n’ont de cesse de dénoncer, tout comme les écologues et les écologistes d’ailleurs. Ici aussi, point d’économie d’énergie…
Par ailleurs, Riyad s’étend sur plus de 1.500 km² et compte plus de 6 millions d’âmes, loin devant Djeddah (4 millions) et La Mecque (1,7 million), les deux autres grandes villes du pays. Retrouvez quelques-uns des grands quartiers dont Batha (le centre historique de la ville), Tahlia (la grande avenue luxueuse de la ville), Al Safarat (le quartier des ambassades à l’Ouest de la ville), Al Olaya (le quartier des grands hôtels du Centre-Ouest), ainsi que le quartier financier King Abdullah (en forme de poire dans le Nord-Ouest).
Enfin, notez à 35 km au Nord de la ville (dans le coin haut droit du cliché) la présence de l’aéroport international du roi Khaled dont les infrastructures sont bien visibles de nuit mais pas les pistes ! Il remplace l’ancien aéroport international situé en centre-ville et dont Thomas a remarqué la présence par cette tache noire et non éclairée. Cet aéroport est depuis 1982 une base aérienne militaire.
Gilles Dawidowicz, président de la Commission de Planétologie
Crédits : ESA/NASA–T. Pesquet
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