QUAND CAMILLE FLAMMARION S’AMUSAIT À DESSINER LA LUNE

Dessin de Camille Flammarion

En 1900, une série de dessins de la Lune vue à l’ɶil nu ont été publiés dans l’Astronomie. L’idée venait de Camille Flammarion qui expliquait comme suit pourquoi il avait sollicité les societaires de la SAF d’envoyer leur dessin :
“Le but que nous nous proposons en publiant ici les dessins de la Lune vue à l’œil nu est d’abord de nous distraire, ce qui n’est pas nuisible à la santé physique et morale, ensuite de faire servir ces comparaisons à la démonstration d’une vérité psychologique souvent oubliée : c’est, comme nous le disions tout à l’heure, que chacun a sa manière de voir, très sincère d’ailleurs, et que, tout naturellement, lorsque les images sont indécises, à la limite de la visibilité, on a une tendance à les compléter, à les terminer, si bien que les mêmes origines donnent pour résultats les différences les plus singulières et même parfois les plus contradictoires.”
Au total, 25 dessins ont été publiés et chaque auteur expliquait ce qu’il voyait dans la Lune, en commençant par Camille Flammarion, pour qui les taches de la Lune “se traduisent, en se résumant, en deux yeux et une esquisse de nez ; résultat : une vague figure humaine, comme elle est indiquée au petit disque inférieur.”

Dessin de Camille Saint-Saëns

Le compositeur Camille Saint-Saëns a envoyé son propre dessin depuis Las Palmas (dans les Îles Canaries), avec cette note : “Mon cher ami, j’ai essayé de dessiner la Lune, malgré mes mauvais yeux. Le résultat n’est pas brillant. Gardez-le pour vous, cela complétera toujours votre collection, côté des horreurs. L’orientation (non indiquée) n’est pas tout-à-fait la même que dans le croquis précédent : il faut pencher un peu la figure vers la gauche. L’image dépend de la position de la Lune, de celle de l’observateur sur la terre, et de l’heure. En plaçant cette image la droite en haut, ne croirait-on voir un kangourou, et, en la retournant, une faucille?”

Dessin de Eugène Antoniadi

Quant à l’astronome Eugène Antoniadi, il trouvait que “la tête que l’on voit habituellement sur la Lune, représentée sur le dessin de M. Flammarion … est très frappante, et on la retrouve, en éloignant ce dessin à la distance de 3 ou 4 mètres.”

Voici ce que quelques autres dessinateurs ont vu dans notre satellite :