L’œil de l’Afrique
Thomas Pesquet nous propose une vue de la Terre prise depuis l’ISS, en postant sur les réseaux sociaux ce cliché avec le commentaire suivant : “Un autre usual suspect des photos d’astronaute (franchement je crois qu’on l’a tous pris en photo un jour ou l’autre), c’est la structure de Richat, ou l’œil du désert. Facile à trouver parce qu’avec son diamètre de 50 km, on le voit à l’œil nu (trouvez-le sur la deuxième photo). L’absence de nuages dans cette zone aide aussi légèrement à ne pas le rater !”.
L’image a été prise le 1er mai à 11h13, à l’aide d’un Nikon D5 muni d’un objectif de 210 mm ouvert à 16. Le Nord se situe vers 08 heures.
Nous sommes au-dessus d’un endroit singulier sur Terre : la structure de Richat surnommée l’œil de l’Afrique. Ce gigantesque dôme circulaire de près de 50 km de diamètre est pour tous les astronautes un point de repère à l’Ouest du Sahara, qui tranche avec le reste du paysage. Cette formation géologique se trouve en Mauritanie, à environ 100 km au Nord-Est de Chinguetti et à 180 km au Nord-Est d’Atar. Précisément, nous sommes dans le désert de “Maur Adrar”, aux confins du massif de l’Adrar et de l’erg de la “Majâbat Al Koubra”. La structure de Richat est également nommée “Guelb er Richât”.
Durant des décennies, sa nature exacte a représenté un défi pour les scientifiques, géologues et géographes, planétologues et pétrographes. On sait aujourd’hui que la structure de Richat a environ 100 millions d’années d’existence, que ce n’est pas un cratère d’impact issu d’une collision cosmique mais que ce serait plus probablement un dôme magmatique géant qui s’est érodé sous l’action particulièrement efficace de l’érosion différentielle puis se serait effondré sur lui-même. En fait, les couches géologiques les plus dures ont résisté tandis que les plus tendres ont disparu laissant apparaître ces anneaux concentriques qui sont des brèches faites de calcaires et de quartzites.
Malheureusement, depuis le sol, la structure de Richat est bien moins spectaculaire que depuis l’orbite…
Gilles Dawidowicz, président de la Commission de Planétologie
Crédits : ESA/NASA–T. Pesquet
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