Le mont Blanc
Gilles Dawidowicz
Le 23 janvier 2017, Thomas Pesquet a posté cette vue mitoyenne de la France et de l‘Italie dans le Massif du Mont-Blanc, avec le commentaire suivant : « Le Mont Blanc, le toit de l’Europe, au centre de la photo ! On distingue l’Aiguille du Midi, la Vallée blanche et même le refuge de l’Aiguille du Goûter ».
L’image a été prise depuis l’ISS le 1er janvier dernier, à l’aide d’un Nikon D4 équipé d’un téléobjectif de 1150 mm. Le Nord est vers le bas de la photographie. Nous sommes au-dessus du mont Blanc (quasiment au centre de la photographie), qui avec 4 809 m est le point culminant de la chaîne des Alpes, le plus haut sommet d’Europe occidentale.
Nous sommes localisés au Sud de Chamonix, dans le département de la Haute-Savoie (en France) et au nord-est de Courmayeur, dans la Vallée d’Aoste (en Italie) et la frontière passe précisément à quelques centaines de mètres de part et d’autres du célèbre sommet, qui est situé côté français. Cette frontière est toujours l’objet d’un litige entre les deux pays.
Le mont Blanc domine les fameuses aiguille du Midi au nord et les Grandes Jorasses au nord-est. Il alimente directement le glacier des Bossons vers la vallée de l’Arve. On reconnaît notamment sur le cliché le Mont Blanc de Courmayeur, et sur côté italien le Picco Luigi Amedeo, le Rifugio Francesco Gonella, Monte Brouillard, les Aiguilles de Tré la tête et Punta Baretti. Côté français, les Dômes de Miage, le Glacier de Miage et ses moraines terminales (tout en haut de l’image, mais sans la partie terminale ou frontale du glacier, hors de la photo), l’Aiguille de Bionnassay, l’Aiguille du Midi, l’Aiguille du Plan, la Pointe Lachenal, le Dôme du Goûter..
Le zoom permet d’observer plus en détails certains glaciers bien identifiables à leurs séracs. Les séracs sont ces grandes et profondes crevasses transversales à la pente locale, caractéristiques de la géomorphologie glaciaire. Il y en a un peu partout sur la photo, et ils paraissent telles des empreintes digitales sur le fond blanc. On devine aussi à quelques endroits, des moraines glaciaires latérales et même médianes. Ce sont des dépôts sédimentaires également typiques de ce contexte glaciaire. Un glacier est comme un fleuve, un organisme dynamique, vivant. Stressé par des conditions morphoclimatiques changeantes, il réagit rapidement… Dans tous les cas, quelques soient les conditions, un glacier érode son substrat puissamment.
Mais revenons à la photo, bien qu’il ait neigé, les névés et le manteau blanc ne recouvrent pas très bien les versants exposés au Sud. Ce sont les premiers à fondre sous l’effet du rayonnement solaire. Enfin, d’un point de vue de la géologie, le mont Blanc est représentatif du massif tout entier. Il se situe à la jonction entre deux masses rocheuses cristallines, constituées de granite datant du Carbonifère à l’est et de gneiss à l’ouest. Le sommet lui-même, entièrement sous la neige, est très certainement constitué de gneiss.
Le mont Blanc, alias le toit de l’Europe, depuis l’ISS. Crédit : ESA/NASA