Le lac Wilkinkarra (alias le lac Mackay)
Thomas Pesquet nous propose une vue du Centre-Ouest de l’Australie, avec le commentaire suivant : “ L’Australie vue du ciel. La diversité des paysages de notre planète ne cessera jamais de m’époustoufler.
L’image a été prise le 14 mai 2021 à 23h04, à l’aide d’un Nikon D5 muni d’un objectif de 400 mm ouvert à 8. Le Nord se situe vers 11 heures.
Nous sommes au-dessus du lac Wilkinkarra pour les aborigènes, également nommé lac Mackay, dans le Centre-Ouest de l’Australie. Plus précisément, nous sommes à la limite entre l’Australie-Occidentale et le Territoire du Nord.
Le lac Wilkinkarra (altitude 378 m, profondeur entre 0,5 m et quelques mètres selon les saisons et les précipitations) est l’un des plus grands lacs du pays : il mesure plus de 100 km de long par 65 km dans sa plus grande largeur et couvre environ 4.000 km². C’est un lac salé et éphémère qui peut toutefois subsister plusieurs mois par an. Il est au cœur du Grand Désert de Sable, une vaste plaine désertique bien plus étendue encore que le lac, et couvrant le Nord-Ouest de l’Australie sur 360.000 km². Ici peu de routes, pas de villes, peu de pluies, une évaporation massive, des dunes et des cailloux, des ergs, des regs, et même deux cratères météoritiques : le cratère de Wolfe Creek (875 m de diamètre à 400 km au Nord) et le cratère de Veevers (80 m de diamètre à 300 km à l’Ouest) ! On trouve également comme souvent dans les déserts, quelques activités géologiques et minières dont des exploitations de minerai d’or..
Mais revenons au cliché de Thomas Pesquet et à cette scène aux couleurs étonnantes. L’image couvre une zone lacustre d’environ 42 km par 30 km. On observe le fond du lac et de très nombreux îlots qui apparaissent un peu partout quand les rares précipitations saisonnières le permettent. Une fois l’eau évaporée, ces reliefs résiduels témoins tranchent radicalement dans le paysage. Des stries orientées Est-Ouest et relativement sombres sont également visibles sur ces îlots et aux alentours des rives du lac : ce sont des accumulations de sable et des dunes longitudinales mises en place par les vents dominants. D’autres zones plus sombres sont recouvertes d’une végétation rase ou trahissent un peu d’humidité dans le sol. Enfin les grandes étendues blanches et grisâtres au fond du lac sont des remontées de sels minéraux réalisées à la faveur de l’évaporation des eaux stagnantes, et qui forment une fine croûte de sels réfléchissante.
Comme tous les lacs du monde, même salés, ce lieu accueille durant les hautes eaux, quelques espèces d’oiseaux qui peuvent s’y reproduire paisiblement…
Gilles Dawidowicz, président de la Commission de Planétologie
Crédits : ESA/NASA–T. Pesquet
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