En 2019, l’équinoxe était le 20 mars et la pleine lune le 21 mars, Pâques aurait dû être le 24 mars ; alors pourquoi Pâques est placé le 21 avril ?

C’est lors de la réforme du calendrier en 1582 promulguée par le pape Grégoire XIII et mise en forme notamment par l’astronome Christopher Clavius (1538-1612) que la règle du concile de Nicée de 325 fixant la date de Pâques a été scellée dans le marbre (il ne subsiste du concile de 325 aucun document attestant la règle telle qu’on la connait aujourd’hui) :

Pâques est le dimanche qui suit le quatorzième jour de la Lune qui atteint cet âge au 21 mars ou immédiatement après.

Il en découle que Pâques est une fête mobile qui peut tomber entre le 22 mars et le 25 avril.

Mais il ne faut pas oublier que les éléments qui ont servi aux astronomes du XVIè siècle à établir longtemps à l’avance le date de Pâques sont les éléments moyens (issue des tables Pruténiques parues en 1551 et qui sont les premières tables coperniciennes), qui peuvent différer des éléments vrais, c’est-à-dire astronomiques.

Ainsi la règle de Nicée fixe l’équinoxe de printemps invariablement au 21 mars : or la date de l’équinoxe dérive, d’une part en raison de l’écart entre l’année grégorienne (année de notre calendrier) et l’année tropique (année des saisons, elle-même variable).

Et d’autre part en raison de la variation de la durée des saisons (actuellement le printemps dure 92,76 jours).

La date la plus fréquente de l’équinoxe en ce début de XXIè siècle est le 20 mars mais l’équinoxe tombera le 19 mars en 2044 et 2048.

La Lune « ecclésiastique » qui sert à calculer Pâques est une Lune moyenne, dépouillée de ses nombreuses inégalités, qui vaut 29 jours 12 h 44 m (intervalle moyen entre deux pleines Lune ou lunaison).

Or la Lune vraie (astronomique) peut s’écarter notablement de la Lune moyenne puisque la lunaison peut durer de 29 jours 7 h à 29 jours 20 h. Ce qui conduit parfois à placer la Lune ecclésiastique près de deux jours après la Lune astronomique.

Si l’on prend en compte les éléments astronomiques vrais et ceux du comput ecclésiastique, on observe donc des divergences. Les plus fréquentes sont liées aux écarts entre Lune vraie et Lune moyenne.

En 2019, on est dans le cas où la Lune vraie tombe le 21 mars (à 1h 42m UT) qui est le jour de l’équinoxe dans le comput : cela rejette Pâques à la prochaine pleine Lune (le 19 avril) d’où un dimanche de Pâques qui tombe le 21 avril.

La même coïncidence se reproduira en 2038 où l’équinoxe tombera le 20 mars, la pleine Lune le 21 mars, ce qui rejettera Pâques au 25 avril, date extrême.

Denis Savoie, commission des cadrans solaires.

Sur la détermination de la date de Pâques, voir le site de l’Imcce