Bien se protéger pour observer le Soleil

L’observation du Soleil, même à l’œil nu, peut entraîner des lésions oculaires irréversibles, voire la cécité. Il est donc impératif de se protéger efficacement contre l’intense lumière solaire. Le moyen le plus simple pour repérer d’éventuelles grandes taches solaires consiste à porter les lunettes spéciales éclipse. Elles offrent une teinte orangée ou bleutée du Soleil en éliminant 100 % des rayons ultraviolets, 100 % des rayons infrarouges et ne laissent passer que 99,999 % de la lumière visible.

L’observation de notre étoile dans un instrument optique (jumelles, lunettes astronomiques ou télescope) présente un risque accru de brûlure.

La solution idéale consiste à placer à l’avant de l’instrument un filtre spécial qui ne laissera passer qu’une infime partie du rayonnement solaire. Disponible dans les magasins spécialisés, ce filtre présente une densité de 5 (soit une transmission de 1/100 000e), évitant l’échauffement des optiques tout en assurant la sécurité de l’observateur.

Lorsqu’ils sont en verre, ces filtres sont souvent montés dans un anneau en aluminium qui s’emboîte sur le tube de l’instrument. Il faut veiller à ce que le montage soit fiable pour ne pas voir le filtre tomber accidentellement et se briser. Les filtres en verre présentent le grand avantage d’être résistants dans le temps, et leur qualité est dans l’ensemble satisfaisante. Les filtres en polyester métallisé se présentent sous forme d’une feuille très fine (de l’ordre de 12 μm) aluminée sur les deux faces. Ils sont à manipuler avec soin, car ils se plient facilement. L’idéal est de les monter, sans les tendre, sur un support en carton adapté à la taille du tube. Ils peuvent ainsi être réutilisés tant qu’ils sont en bon état. La qualité optique de ces feuilles est excellente (notamment l’AstroSolar Baader) mais elles présentent l’inconvénient de colorer l’image en bleu-violet. De qualité moindre, les feuilles de polymère noir conviennent également pour des instruments de petit diamètre (moins de 80 mm de diamètre). Dans tous les cas, assurez-vous que ces filtres sont bien destinés à l’observation du Soleil et répondent à la norme CE.

L’emploi d’un hélioscope, prisme qui ne renvoie que 4% de la lumière, peut s’avérer intéressant avec un instrument ayant un foyer suffisamment sorti (lunette, Schmidt-Cassegrain). Cet accessoire doit être impérativement complété par un filtre neutre pour atténuer la lumière encore trop violente qu’il renvoie. Pour améliorer la résolution de l’image, un filtre Continuum vert (à 540 nm) peut être utilisé avec un filtre AstroSolar ou un hélioscope.

Nous déconseillons l’utilisation des filtres à visser sur l’oculaire que l’on trouve parfois sur les petits instruments. La chaleur du Soleil, concentrée sur le filtre, risque de le faire éclater !

Il existe une autre méthode d’observation du Soleil sans filtre et bien adaptée aux instruments de petit diamètre (jusqu’à 100 mm) : la projection. L’image du Soleil est projetée, via un oculaire, sur une feuille blanche. Le grandissement obtenu dépend de la distance entre l’oculaire et la feuille et aussi de la focale de l’oculaire. Bien entendu, il ne faudra en aucun cas mettre l’œil à l’oculaire, même pour trouver et centrer le Soleil ! Pour cela, référez-vous à la silhouette de l’ombre du tube optique projeté au sol (lorsque le tube pointe le Soleil, l’ombre est réduite au minimum). Enfin, pensez à boucher les optiques annexes de l’instrument et en particulier le chercheur.