Des dunes longitudinales
Thomas Pesquet nous propose une nouvelle vue prise depuis l’ISS, en postant sur les réseaux sociaux ce cliché avec le commentaire suivant : “Les dunes du Sahara”.
L’image a été prise le 25 mai 2021 à 13h48, à l’aide d’un Nikon D5 muni d’un objectif de 70 mm ouvert à 16. Le Nord se situe vers 14 heures. L’image couvre une zone d’environ 235 x 155 km.
Nous sommes dans le Sud-Ouest de l’Egypte, et le centre de l’image se trouve à environ 400 km du triple point frontière entre la Libye, l’Egypte et le Soudan. Autant dire que nous sommes au milieu de nulle part : la première route et la première ville se trouvent à 200 km à l’Est : c’est l’oasis Abu Minqar !
Thomas Pesquet aime photographier les grands espaces, et particulièrement le Sahara, qui avec ses mille et unes couleurs ressemble parfois à la planète Mars : le Graal d’un astronaute… Ainsi, le regard de Thomas a été attiré par un paysage unique, qui s’étend sur des centaines de kilomètres de long et sur 250 km de large : c’est certainement le plus grand champ de dunes longitudinales du système solaire !
Contrairement aux dunes en croissant, aux dunes transversales, aux dunes paraboliques ou aux dunes en étoiles, les dunes longitudinales sont le résultat de deux vents bidirectionnels dominants qui se développent parallèlement à ces formations. Souvent héritées d’une époque révolue où les conditions morphoclimatiques étaient différentes de celles d’aujourd’hui, en d’autres termes, plus humides en ce qui concerne le Sahara, ces dunes longitudinales sont souvent liées à leurs bases à des dépôts fluviatiles ou lacustres indurés, voir même croûteux. Mais comme toutes les formations dunaires, les dunes longitudinales sont déterminées par la quantité de sable mobilisable, le régime du vent (direction, force, fréquence), le relief et la présence de végétation.
Ici, il est stupéfiant de noter qu’à cette échelle, ces longues et fines dunes apparaissent comme des dunes longitudinales classiques. Mais en zoomant, on s’aperçoit qu’en fait, elles sont composées de petites dunes bien plus complexes encore, souvent en étoile. Des vents obliques, probablement pas constants dans le temps et surement plus faibles que les vents dominants, œuvrent également dans la région et forment ces chaînes de dunes coalescentes qui leur donnent un dessin de crête de coq ; les petites dunes, composantes des dunes longitudinales, forment des sortes de pyramides, que l’on nomme des ghourds qui finissent par se rejoindre pour former ce magnifique tableau.
Unique dans le système solaire…
Gilles Dawidowicz, président de la Commission de Planétologie
Crédits : ESA/NASA–T. Pesquet
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