Mes deux Ducrocq
Il y a deux Ducrocq pour moi : le journaliste aux commentaires extraordinaires que j’écoutais sur Europe n°1, et le président du Cosmos Club de France qui m’a souvent sollicité lorsque j’ai fait partie des cinq candidats astronautes retenus par le Cnes en 1977 pour le programme Spacelab de l’ESA.
Ses commentaires pour le premier vol d’Ariane en décembre 1979, c’était tout de même un sommet. Il était à la radio, mais c’était mieux qu’à la télévision : on y était ! Il décrivait cela avec une telle fougue – il a même cru que la fusée avait décollé lors d’une précédente tentative avortée… C’était vivant et j’étais transporté dans l’espace à chaque fois : Albert Ducrocq était à la fois la voix et la voie de l’espace.
Ensuite, une fois que j’ai été candidat astronaute, il m’a mis souvent à contribution, pour donner des conférences au Cosmos Club de France ou pour participer au fameux congrès des astronautes et cosmonautes organisé à Lyon en juin 1978 – avec Gordon Cooper, Alan Shepard, Buzz Aldrin, Charlie Duke, Jim Lovell, Ed Mitchell, Dave Scott, Oleg Makarov, Vladimir Djanibekov…. Cette réunion a été le précurseur de l’Association des Explorateurs de l’Espace.
Le dernier souvenir avec Albert Ducrocq, c’est lors du Congrès mondial d’astronautique de 1980 à Tokyo, où j’étais président des programmes. Il n’avait pas pu se rendre au Japon et avait envoyé comme correspondante Hélène Lacour-Frankel, qui était vice-championne du monde de voltige aérienne et dont j’avais fait la connaissance lors de ma seconde tentative pour devenir astronaute, en 1979.
J’ai donc eu pas mal de contacts à l’époque avec Albert Ducrocq, qui avait son bureau avenue Garibaldi, derrière l’ESA. C’est un grand personnage, un grand passionné et un grand visionnaire.
Jean-Jacques Dordain
Ancien directeur général de l’Agence spatiale européenne
Qui sera le premier cosmonaute français ?
Article d’Albert Ducrocq paru dans Science et Avenir
(Février 1980)