Sur le fleuve Guadiana
Thomas Pesquet nous propose cette vue avec le commentaire suivant : “Ce lac artificiel en amont du barrage d’Alqueva au Portugal n’a atteint sa capacité maximale qu’en 2010 : ça fait seulement une dizaine d’années qu’on peut le photographier depuis l’espace :)p Je suis à peu près sûr que les rives dentelées de ce lac sont dues à la présence d’un barrage. Ce lac serait donc un réservoir. En général, les lacs naturels ont des bords assez arrondis, la nature a tendance à adoucir les angles… si quelqu’un veut confirmer, ce n’est pas facile à vérifier sur wikipédia :) Faciles à repérer depuis l’espace, les barrages constituent des stocks d’eau précieux pour les populations. Ce sont d’excellentes sources d’énergie renouvelables, ils fournissent de l’eau pour l’irrigation et aident donc à atteindre certains des objectifs de développement durable des Nations Unies comme l’accès à l’énergie ou l’éradication de la faim. Ils peuvent aussi avoir des conséquences très importantes sur les terres qui les entourent et leurs habitants. Le simple fait qu’on puisse les voir depuis l’espace montre l’énorme impact qu’ils ont sur la Terre. J’imagine que la coopération est une clef essentielle pour gérer ces conséquences, particulièrement sur les initiatives à grande échelle”.
L’image a été prise le 06 mai 2021 à 12h20, à l’aide d’un Nikon D5 muni d’un objectif de 200 mm ouvert à 10. Le Nord se situe vers 15 heures. L’image couvre une zone d’environ 87 km par 53 km.
Nous sommes dans le Sud-Est du Portugal, à la frontière avec l’Espagne, au-dessus du lac artificiel d’Alqueva, un des plus grands réservoirs d’Europe. Ici, le fleuve Guadiana dessine pour un temps la frontière entre les deux pays, puis filant vers le Sud pour se jeter dans l’océan Atlantique et le golfe de Cadix, trace à nouveau la limite entre le Portugal et l’Espagne. Long de près de 820 km (dont 578 km en Espagne, 140 km au Portugal et 100 km communs aux deux pays), le fleuve Guadiana a un débit assez faible : il draine essentiellement des régions arides montagneuses ou de plaines, aux faibles précipitations. Tout au long de son cours, le fleuve Guadiana se voit paré de nombreux barrages, qui permettent non seulement de produire de l’électricité, mais également d’irriguer des centaines d’hectares de terres agricoles.
Mais revenons au cliché de Thomas Pesquet. Nous avons sous les yeux le lac du barrage d’Alqueva, dont la superficie fait près de 250 km² pour une capacité de plus de 4 km³. Le barrage – situé sur le cours inférieur du Guadiana – est bien visible sur le cliché ; c’est un barrage voûte, aux épais contreforts en béton. Sa construction a démarré en 1976, fut interrompue entre 1978 et 1995 pour finalement se terminer en 2002. Il faudra 2 ans pour remplir le réservoir et c’est en 2004 que la centrale hydroélectrique est officiellement mise en service.
Gilles Dawidowicz, président de la Commission de Planétologie
Crédits : ESA/NASA–T. Pesquet
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