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Fondée en 1887 par Camille Flammarion. Association reconnue d’utilité publique en 1897. Agréé association nationale de jeunesse et d’éducation populaire.
Albert Ducrocq est pour moi, d’abord, celui qui m’a permis de faire le plus extraordinaire des voyages, pour un enfant passionné de conquête spatiale : visiter, dans ce qui était alors l’URSS, la mystérieuse Cité des Etoiles, ainsi que les maisons de Konstantin Tsiolkovsky et Sergueï Korolev.
Petit retour en arrière. Durant l’été 1979, le magazine pour enfants Pif Gadget consacre un grand dossier, réparti dans plusieurs numéros successifs, à « la fabuleuse aventure de l’homme dans l’espace », pour commémorer le 10ème anniversaire des premiers pas de l’homme sur la Lune. C’est aussi l’occasion d’évoquer la recherche d’une vie extra-terrestre : le « gadget » du numéro du 9 juillet est en effet une reproduction de la fameuse plaque dorée imaginée par Carl Sagan et Frank Drake et embarquée à bord des sondes Pioneer 10 et 11 – plaque que j’ai toujours !
Aussi, un grand concours est-il lancé dans Pif Gadget, dont l’un des volets consiste à créer un dossier de 10 images, avec leurs légendes, devant donner une image la plus juste possible de la terre et de ses habitants, un peu comme le disque d’or emporté par les sondes Voyager. Le jury du concours est présidé par… Albert Ducrocq, d’ailleurs en couverture du numéro 538 du 1er juillet 1979, qui lance le concours !
Un soir de septembre, rentant du collège (j’ai alors 11 ans), mes parents m’attendent sur le palier de notre appartement avec un air bizarrement fébrile : ils me remettent une enveloppe ornée d’un dessin de Pif, à l’intérieur de laquelle une lettre m’annonce que j’ai… remporté le concours ! Débute alors pour moi un rêve éveillé de plusieurs mois de: la remise solennelle du diplôme symbolisant ce prix, le 21 novembre 1979, par Albert Ducrocq himself, en marge d’un congrès du SETI au siège de l’Unesco à Paris, et le dîner à la Tour Eiffel où Albert Ducrocq prononce devant tous les convives un petit discours improvisé sur moi et mon petit dossier vainqueur, et où je « rencontre » Frank Drake ; une chaleureuse discussion, le lendemain, avec Albert Ducrocq, au siège d’Europe 1, où il m’offre son livre « La chaîne bleue, à l’écoute des civilisations extra-terrestres », m’encourage à poursuivre dans la voie des sciences et me propose d’entretenir une petite correspondance qui durera un an ou deux ; et bien sûr le voyage en URSS, en avril 1980, où j’aurai notamment la chance de rencontrer Pavel Popovitch, le quatrième cosmonaute soviétique…
Bref : Albert Ducrocq fut pour moi une figure fascinante et quelque peu intimidante, mais aussi un « passeur » éminemment pédagogue même pour un enfant (et les dizaines de milliers qui avaient participé à ce concours). Et, si la vie a voulu que je ne devienne pas astronome, c’est donc en partie grâce à Albert Ducrocq si, quarante ans plus tard, j’ai pu créer une offre de voyages sur le thème de la conquête spatiale…
Fabrice Del Taglia
Directeur général de Nomade Aventure