Eleuthera, au Bahamas
Gilles Dawidowicz
Le 1er mai 2017, Thomas Pesquet a posté cette vue de l’île Eleuthera, avec le commentaire suivant : « La fin de la mission Proxima approche : plus que cinq semaines. Encore tellement de boulot… et pas assez de temps pour graver dans ma mémoire les bleus des Bahamas ! Le retour sur Terre est prévu pour le 2 juin – mais dans le spatial le calendrier peut changer… ».
L’image a été prise depuis l’ISS le 21 avril dernier, à l’aide d’un Nikon D4 équipé d’un téléobjectif à 78 mm de focale. Le Nord est à 5 heures environ. Nous sommes au-dessus des Bahamas, à 80 km à l’est de l’île de New Providence et de la capitale Nassau (visibles en haut à droite de l’image).
Ce cliché splendide est particulièrement spectaculaire. Malheureusement, un léger voile nuageux perturbe la scène que Thomas Pesquet a pu observer et qu’il a figée. Mais, après quelques instants d’attention, on perçoit l’étrangeté qui s’en dégage : outre les îles des Bahamas, et Eleuthera en particulier, c’est le paysage sous-marin qui nous frappe. En effet, entre les îles qui sont déjà très particulières du fait de leur forme allongée, nous apercevons sans difficulté les hauts-fonds et leurs cordons dunaires sous-marins griffés par quelques canyons également sous-marins. Il faut dire qu’ici les eaux sont turquoises et transparentes, tant et si bien que, même à 400 km de distance, on peut le constater !
Eleuthera est une île très allongée, qui mesure près de 180 km de long pour seulement 2 km de largeur en moyenne, même si elle atteint parfois 8 km au plus large. C’est un paysage étonnant donc qui nous est proposé.
Et d’ailleurs, on ne le distingue pas sur ce cliché, mais Eleuthera possède une particularité notable : elle a de nombreuses plages de sable rose.
La géographie de l’île offre de multiples visages avec de larges plages, de vastes affleurements de récifs coralliens assez anciens, quelques grottes et d’autres caractéristiques géologiques intéressantes. L’île comporte également une flore et une faune intéressante, dont plusieurs espèces d’amphibiens et de reptiles indigènes, de plus en plus menacées. Si vous vous baignez un jour à Eleuthera, l’abondance de requins et de raies devrait vous réjouir…
Toutefois, cette géographie paradisiaque n’occulte pas l’histoire que les hommes ont ici écrite il y a plus de 500 ans. Les colons espagnols ont en effet réduit en esclavage les populations autochtones d’Amérindiens des Antilles, les Arawaks. Puis ils les ont déporté à Hispaniola, alias Saint-Dominique (aujourd’hui Haïti), au sud-est de Cuba. Ces populations martyrisées et réprimées furent finalement exterminées dans les mines de sel et dans les champs de cannes à sucre, avant qu’un nouveau désastre ne se produise sur ces mêmes terres : la déportation et l’esclavage des populations africaines…
Enfin, et c’est plus heureux, l’île inspire beaucoup le rockeur américain Lenny Kravitz, qui en a même fait une chanson du même nom.
Retrouvez l’image sur Google Maps !
Eleuthera, vue depuis l’ISS. Crédit : ESA/NASA