Le Piton de la Fournaise
Gilles Dawidowicz
Le 3 février 2017, Thomas Pesquet a posté cette vue de la Réunion, avec le commentaire suivant : « Le Piton de la Fournaise, à la Réunion. On distingue le parking par lequel on descend dans le cirque pour ensuite escalader le cratère. Ma dernière visite remonte à… la veille de sa dernière éruption. Du moins c’est ce que je pensais avant d’apprendre il y a quelques jours son réveil ;) ».
L’image a été prise depuis l’ISS le 8 janvier dernier, à l’aide d’un Nikon D4 équipé d’un téléobjectif de 1150 mm. Le Nord est à 8 heures. Nous sommes au-dessus de l’un des plus célèbres volcans actifs français : le Piton de la Fournaise, sur l’île de la Réunion. Il culmine à 2 632 mètres d’altitude et se situe dans la partie sud-est de l’île. Il s’agit d’un volcan bouclier, parmi les plus actifs de la planète par la fréquence de ses éruptions qui en moyenne se produisent une fois tous les neuf mois. L’autre volcan de l’île est le Piton des Neiges qui se situe dans le centre de l’île, au sud du cirque de Salazie, au nord du cirque de Cilaos et au sud-est du cirque de Mafate. Éteint, le Piton des Neiges culmine à 3 070 mètres d’altitude.
La photographie de Thomas Pesquet est splendide : le massif volcanique est en effet ceinturé par une série de nuages, qui donnent à la scène un aspect très esthétique. Il s’agit très probablement de nuages orographiques.
Formé par le soulèvement dû au relief, en amont ou en aval de l’obstacle, un nuage orographique n’est pas un type de nuage mais plutôt un qualificatif lié à l’origine du nuage : la topographie de la région au-dessus de laquelle il évolue.
Toujours est-il que le volcan bouclier et ses pentes sont clairement visibles. Le zoom permet de voir sa caldeira centrale, mais aussi de nombreux autres cratères, des coulées de laves plus ou moins récentes sur ses pentes, et mêmes quelques structures anthropiques comme des routes et des bâtiments. On retrouve nombre de cratères volcaniques, dont les cratères Bory, Maillard, Rivals, Marco et bien d’autres encore qui témoignent tous de l’activité passée du volcan. La partie sommitale présente cependant deux cratères spectaculaires :
– le cratère Bory, situé à l’ouest (à 4 heures sur la photo), est le plus petit avec 350 m de longueur et 200 m de largeur. Déjà présent au début de la colonisation de l’île, il est nommé ainsi lors de l’expédition menée en 1801 par Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent, naturaliste et géographe français qui fut le premier à décrire scientifiquement le Piton de la Fournaise ;
– le cratère Dolomieu (la caldeira sommitale), situé à l’est, est le plus grand cratère du Massif avec 1 000 m de longueur et 700 m de largeur. Il ne serait apparu qu’en 1791 à la suite de l’effondrement d’une chambre magmatique. Il est ainsi nommé par Bory en hommage à Déodat Gratet de Dolomieu (1750-1801), géologue et minéralogiste français spécialiste du basalte. À la suite de la vidange de la chambre magmatique à la fin de l’éruption du mois d’avril 2007, le fond du cratère s’est effondré pour atteindre une profondeur de 300 m par rapport aux bords du cratère. Ce qui fait de ce cratère un endroit très exceptionnel.
Comme le fait remarquer Thomas Pesquet, le parking du Pas de Bellecombe est parfaitement visible en bas de la photographie. Il est le terminus de la route qui serpente et provient de la côte Ouest de l’île et des villes comme Saint-Louis, Saint-Pierre, Le Tampon et la Plaine des Cafres.
Le Piton de la Fournaise, vu depuis l’ISS. Crédit : ESA/NASA