La moughataa d’Akjoujt
Gilles Dawidowicz
Le 17 avril 2017, Thomas Pesquet a posté cette vue d’Akjoujt en Mauritanie, avec le commentaire suivant : « Intrigué par cette mine en plein Sahara, j’ai fait mes recherches : la petite ville à l’est de l’excavation, c’est Akjoujt en Mauritanie, d’où a été extrait du cuivre pendant des siècles… et ville natale de l’acteur qui a, entre autres, doublé en français à la fois Morgan Freeman et… Eddie Murphy ! ».
L’image a été prise depuis l’ISS le 7 avril dernier, à l’aide d’un Nikon D4 équipé d’un téléobjectif à 1 150 mm de focale. Le Nord est à 11 heures. Nous sommes au-dessus de la ville d’Akjoujt, alias Fort-Repoux, dans le nord-ouest de la Mauritanie.
La Mauritanie est divisée en 13 régions administratives (les wilayas), elles-mêmes subdivisées en 52 départements, ou moughataa. L’Inchiri est l’une des wilayas du pays, située dans l’ouest. Sa capitale est Akjoujt, également nommée Fort-Repoux à l’époque coloniale. L’Inchiri (dont la superficie est d’environ 47 000 km2) est l’une des régions les moins peuplées de la Mauritanie avec environ 10 000 habitants, dont 8 000 à Akjoujt.
Nous sommes ici à proximité de la limite avec une autre célèbre région du Sahara : l’Adrar (à l’est), mais aussi au nord et à l’ouest avec la région de Dakhlet Nouadhibou, une partie du parc national du Banc d’Arguin, et au sud par le Trarza.
Mais revenons au cliché de Thomas Pesquet, somptueux de contrastes, au paysage étonnant. Comme le souligne l’astronaute, nous contemplons un site minier, et sa petite ville : Akjoujt. En fait, manifestement, l’exploitation du cuivre est toujours d’actualité. La découverte du potentiel minier de la région et sa mise en exploitation industrielle remonte aux années 40, même si les hommes utilisent ce cuivre depuis plus de 10 000 ans, comme en témoignent quelques découvertes archéologiques régionales !
Au centre du cliché, on retrouve la mine à ciel ouvert, béante, énorme et ses routes intérieures permettant aux engins d’y circuler. Son bleu métallique tranche radicalement avec le paysage alentours. Tout autour, les monticules eux aussi bleutés, où s’accumulent les déblais. Enfin, sur la gauche (à l’ouest dans la réalité), les deux énormes bassins parfaitement circulaires (dont le diamètre fait près d’1,5 km pour chacun) et qui servent très certainement aux traitements de lessivage et de rinçage du minerai et au stockage des eaux usées. Celui plus au nord semble être utilisé de manière intensive, tandis que celui plus au sud paraît l’être beaucoup moins. Sur la droite, à moins de 4 kilomètres de là et au bout d’une petite route rectiligne, la ville minière, ses rues poussiéreuses et ses petites maisons. Akjoujt possède d’ailleurs un petit aéroport dont on aperçoit une grande partie de son unique piste sur le côté droit du cliché de Thomas Pesquet, qui fidèle à l’une de ses passions, se devait d’en prendre un souvenir…
Le reste de ce paysage désertique se partage entre ergs et regs, c’est-à-dire des accumulations de sables sous la forme de petites dunes d’une part, et du désert caillouteux d’autre part. Le tout entrecoupé par un réseau hydrographique efficace, fait de petits chenaux, tous à secs évidemment. La végétation de cette région chaude et sèche, est très rare et clairsemée, probablement composée de quelques acacias bien qu’elle soit toutefois présente le long de quelques oueds et dans la ville d’Akjoujt sous forme de jardinets alimentés par la nappe phréatique peu profonde.
Une fois encore, Thomas Pesquet nous invite au voyage…
La mine d’Akjoujt en Mauritanie, vue depuis l’ISS. Crédit : ESA/NASA
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