Le lac Taiji Nai’er
Gilles Dawidowicz
Le 23 avril 2017, Thomas Pesquet a posté cette vue d’un lac chinois, avec le commentaire suivant : « Nuances de vert frappantes au bord du lac salé Dachaidamu, en Chine ».
L’image a été prise depuis l’ISS le 12 décembre dernier, à l’aide d’un Nikon D4 équipé d’un téléobjectif à 460 mm de focale. Le Nord est à 5 heures. Nous sommes dans le nord-ouest de la Chine, mais pas sur les rives du lac salé Dachaidamu, comme le croit Thomas Pesquet : nous sommes en fait à environ 150 kilomètres à l’ouest de ce lac, sur les bords du lac occidental Taiji Nai’er, dans la province de Qinghai (6 millions d’habitants). Plus précisément, nous sommes dans la Préfecture autonome mongole et tibétaine de Haixi, une subdivision administrative peuplée par 500 000 habitants.
Le Qinghai, littéralement « mer bleue/verte », est une province qui tire son nom de l’immense lac Qinghai (distant de près de 1000 km à l’est), le plus grand lac salé du pays, également connu sous le nom mongol de lac Kokonor. Cette province est bordée au nord-est par le Gansu, au nord-ouest par le Xinjiang, au sud-est par le Sichuan et au sud-ouest par la région autonome du Tibet. Sa capitale est la ville de Xining et cette province est composée d’un grand nombre de groupes ethniques, dont les Hans (qui constituent le peuple chinois « historique », et qui sont issus de l’ancienne ethnie Huaxia), les Tibétains, les Hui (une ethnie chinoise musulmane), les Tu (une ethnie de Mongols blancs à la double culture tibétaine et mongole), les Mongols et les Salar (une ethnie turque à la société agricole patriarcale et musulmane). La région est devenue officiellement une province de la République de Chine en 1928, statut qui fut confirmé en 1949, à la fondation de la République populaire de Chine. D’un point de vue géographique, cette province du Qinghai est l’une des quatre grandes unités du plateau du Tibet. Elle comprend le lac Qinghai, de hautes montagnes et de profondes vallées, le tout en altitude. Ici, le climat est sec et la végétation est rase. En fait la région est couverte de prairies où l’on élève yaks et moutons et où l’on cultive l’orge du Tibet, le colza et quelques cultures maraîchères.
Mais revenons à la photographie de Thomas Pesquet qui nous révèle un paysage très particulier : celui de salines. Nous sommes sur les bords de la rivière Fenliu, bien visible dans le bas du cliché. Le lac salé Taiji Nai’er (sur la droite du cliché) est asséché (temporairement). Il est probable que l’eau du lac ait été utilisée dans les marais salants exploités ici et visibles au centre de l’image. On observe avec une grande précision les installations très colorées et rectangulaires des saliculteurs qui permettent l’extraction et la collecte du sel. Il s’agit d’un dispositif fait de petits barrages, de canaux et de nombreux bassins de rétention menant finalement à des bassins de faibles profondeurs appelés carreaux et dans lesquels est récolté le sel, obtenu par l’évaporation de l’eau sous l’action combinée du Soleil et du vent.
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Le lac occidental Taiji Nai’er en Chine, vu depuis l’ISS. Crédit : ESA/NASA