La wilaya de Tindouf
Gilles Dawidowicz
Le 7 mars 2017, Thomas Pesquet a posté cette vue de dunes dans le Sahara algérien, avec le commentaire suivant : « Le sable orange occulte en partie à peu près tous les tons de pierre ».
L’image a été prise depuis l’ISS le 4 février dernier, à l’aide d’un Nikon D4 équipé d’un téléobjectif à 140 mm. Le Nord est en haut. Nous sommes au-dessus du désert à l’extrême pointe sud-ouest de l’Algérie : à 300 km à l’est de la frontière avec le Maroc et le Sahara occidental, à 400 km au nord-ouest de Reggane et à 80 km au sud de la ville Oum el Assel.
L’Algérie est un pays magnifique, bien que le tourisme n’y soit pas encore très développé. C’est le plus grand pays d’Afrique et il regorge de merveilles peu connues. Parmi elles, le désert du Sahara et ses multiples facettes dont celles de l’Adrar (au centre du pays), celles des Tassili du Hoggar (au sud du pays) et celles du Tibesti et de l’Ennedi (à l’est du pays) qui sont sans doute les plus renommées.
Précisément, Oum el Assel (3 000 habitants) auparavant nommée Reguibat, est une commune de la wilaya (une division administrative) de Tindouf, située à 210 km au nord-est de cette dernière et à 1 300 km au sud-ouest d’Alger. Elle est, avec sa superficie de presque 90 000 km2, la plus grande commune du pays. Son territoire est délimité au nord par la frontière marocaine, au nord-est et à l’est par la commune de Tabelbala, au sud-est par les communes de Sali, Zaouiet Kounta et Tamest et au sud et à l’ouest par la commune de Tindouf. Nous sommes dans la région désertique de la Saoura (la région du sud-ouest algérien qui constitue la limite ouest du Grand Erg Occidental), au sud de la hamada (un plateau rocailleux surélevé) du Drâa (le plus long fleuve du Maroc avec 1 100 km, près de la frontière).
Ici le climat désertique est chaud et sec, typique de la zone saharienne aride : nous sommes bien au cœur du Sahara, le plus grand désert chaud au monde. Les étés sont longs et très chauds et les hivers sont courts et modérément tempérés. L’aridité et la sécheresse sont de mise toute l’année avec des précipitations moyennes d’environ 27 mm (0 mm l’été). La chaleur estivale est extrême et peut prendre un caractère durable avec des températures moyennes maximales supérieures à 45 °C en juillet (le mois le plus chaud), mais le plus souvent de 50 °C entre juin et septembre.
Mais revenons au cliché de Thomas Pesquet, qui nous présente la partie terminale occidentale d’un immense champs de dunes transverses sombres, au nord de l’erg Iguidi. Ici, elles sont de moindre taille que celles situées plus à l’est où elle peuvent dépasser les 100 km de longueur. Il est possible que ces dunes soient fossiles et donc relativement anciennes et inertes. Le zoom permet d’observer de plus petites accumulations de sables clairs “en étoiles” entre les grandes dunes sombres. Ces petites accumulations, très probablement actuelles et actives, témoignent de vents d’orientations multiples, permettant ces morphologies caractéristiques. Le plus souvent, le vent dominant façonnant les dunes transverses est orienté à 90° par rapport aux dunes, tandis que les dunes en étoiles sont soumises à 3 vents d’orientations différentes, les contraignant dans l’espace autour d’un noyau central.
Une fois encore, non seulement le cliché de Thomas Pesquet est esthétique, mais il invite au voyage dans le Grand Erg Occidental, un massif de dunes de 80 000 km², un lieu unique au monde d’une beauté exceptionnelle.
La wilaya de Tindouf en Algérie, vue depuis l’ISS. Crédit : ESA/NASA