Alger la nuit
Gilles Dawidowicz
Le 21 février 2017, Thomas Pesquet a posté cette vue nocturne de la capitale algérienne, avec le commentaire suivant : « Joli dédale de rues ! C’est Alger et sa baie qui semble prête à avaler une bonne dizaine de bateaux ».
L’image a été prise depuis l’ISS le 12 février dernier, à l’aide d’un Nikon D4 équipé d’un téléobjectif de 400 mm. Le Nord est à 8 heures. Nous sommes au-dessus de la ville d’Alger et de sa baie magnifique, qui se trouvent presque à la même longitude que Paris. Une fois encore, ce cliché de nuit est très net et résolu. Au premier coup d’oeil, nous pouvons identifier les grands quartier de la ville et les principales villes voisines composantes de son agglomération, mais aussi ses grandes artères et même… une partie de son relief ! La baie d’Alger fait environ 15 km de diamètre. En fait, le cliché couvre une très grande partie de la wilaya d’Alger, cette subdivision administrative algérienne située dans l’Algérois et dont le chef-lieu (le préfecture en somme) est la ville d’Alger. La wilaya d’Alger est la plus peuplée du pays avec plus de 3 millions d’habitants. C’est également la moins étendue, avec une superficie de 1 190 km2.
Mais revenons au cliché de Thomas Pesquet. En partant du bas de la photographie (l’ouest, en réalité), on reconnaît Bologhine et sa pointe rocheuse faisant face à la Méditerranée (et à Palma de Majorque située à 200 km au nord, non visible sur le cliché). Suivent la célèbre Bab El Oued et les reliefs qui la dominent jusqu’à Bouzareah, que l’on devine aisément. C’est le début de la Casbah et du centre d’Alger avec la ville haute et la ville basse, avec ses bâtisses, ses mosquées, ses gares, son port et ses quais mais aussi le Boulevard de l’ALN, très éclairé la nuit. On y trouve des ruelles dans un dédale de labyrinthes et… la rue Didouche Mourad, connue dans le monde entier comme les « Champs-Elysées » d’Alger. En poursuivant le long de la baie et de sa superbe promenade, ce sont maintenant les quartiers El Mouradia, El Madania et El Magharia puis la ville de Mohammadia (dans le premier tiers de la baie), délimitée par l’Oued El Harrach, qui vient ici se jeter dans la mer. Ce fleuve (très pollué par les rejets industriels et urbains), naît dans l’Atlas blidéen près de Hammam Melouane. Il est long de 67 km seulement et traverse la plaine de la Mitidja en irriguant les zones agricoles tout autour, grâce notamment à ses affluents et à des canaux. Nous arrivons ensuite dans les communes de Bordj El Kiffan, Bab Ezzouar, Bordj El Bahri et à la pointe de la baie, dans les communes de El Marsa et de Tamentfoust, toutes deux situées en haut du cliché (à l’est dans la réalité).
En cherchant bien, vous trouverez plongé dans le noir, l’Aéroport International d’Alger (Houari Boumédiène), non loin du quartier d’affaires de Bab Ezzouar et du plus grand centre commercial du pays, mais aussi des très éclairées cités et ensembles d’immeubles (Cité des travailleurs, Cité du 8 mai 1945, Cité la Base, Cité Krim Belkacem, Cité des Palmiers…).
Quant au reste du paysage, cette vue de nuit ne permet pas de soupçonner tout l’étagement topographique de la côte algéroise qui, depuis le rivage jusqu’à l’arrière pays, se dresse progressivement au-dessus de la mer jusqu’à plus de 300 mètres, par une série de gradins.
Pour ce qui est des quelques gros bateaux, bien visibles dans la baie et bien éclairés, il proviennent surement d’Alicante et de Marseille ou bien ils s’y rendent. Une invitation au voyage en somme…
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Alger de nuit, vue depuis l’ISS. Crédit : ESA/NASA