L’aéroport de Rome
Gilles Dawidowicz
Le 5 février 2017, Thomas Pesquet a posté cette vue, avec le commentaire suivant : « Une de mes destinations préférées dans le monde : l’aéroport international Rome-Fiumicino (LIRF/FCO) ».
L’image a été prise depuis l’ISS le 31 décembre dernier, à l’aide d’un Nikon D4 équipé d’un téléobjectif de 1 150 mm. Le Nord est entre 6 et 7 heures. Nous sommes au-dessus de l’aéroport international Léonard de Vinci près de Rome, en Italie. Une région chère au coeur de Thomas Pesquet.
La photographie est cadrée serrée au-dessus de cet aéroport, qui est situé à Fiumicino (petite commune italienne de la métropolitaine de Rome). C’est le principal aéroport italien et celui de la capitale. Nous sommes au bord de la mer Tyrrhénienne, à 5 km au nord du delta du Tibre, « le fleuve sacré aux destins de Rome », à peine visible dans le coin haut droit du cliché.
Cette région (le Lazio), comme toute l‘Italie d’ailleurs, est d’une richesse archéologique exceptionnelle, trahissant un passé splendide. Remontons donc dans le temps, grâce à ce cliché actuel. Mais avant, il est intéressant de noter que le transit alluvionnaire du bassin du Tibre est important et que son embouchure avance dans la mer au rythme de 4 mètres par an. Ainsi, de nombreuses ruines de ports antiques sont aujourd’hui entourées de champs à 4 km de la mer. C’est donc toute la côte qui a été transformée au fil des siècles.
Le zoom permet d’identifier à quelques centaines de mètres d’une boucle du Tibre et à 2 kilomètres de l’embouchure, un bassin hexagonal rempli d’eau tout proche d’un petit canal. C’est le Lago Traiano, appelé à l’époque antique le Portus Augusti. Il s’agissait d’un grand port artificiel de Rome établi par l’empereur Claude dans les années 40 après J.-C. puis agrandi par l’empereur Trajan dans les années 100, en complément du grand port d’Ostie voisin de quelques kilomètres et situé plus au sud. A ces époques, la mer était donc bien plus avancée dans les terres qu’elle ne l’est aujourd’hui.
Ce grand port de commerce et de voyageurs assurait le ravitaillement de Rome, notamment en blé en provenance du nord du continent africain, et permettait d’abriter les plus imposants bateaux de toute la Méditerranée. De très nombreux entrepôts étaient bâti tout autour. Sa profondeur est de 5 mètres. Les arêtes du bassin mesurent 357,77 mètres. Son diamètre maximum est de 715,54 mètres. Le fond était couvert avec des pierres. Ce bassin pouvait accueillir plus de 100 navires, notamment les plus gros qui n’avaient plus à être déchargés au large. Les marchandises étaient déchargées et transportées par des esclaves et contrôlées par un service des douanes et de la perception des droits d’importation.
Revenons au cliché et à la zone localisée en haut à droite de l’aéroport, bordée par l’embouchure du Tibre en haut (le sud en réalité), le petit canal de Fiumicino en bas (le nord en réalité) et la mer à droite (à l’ouest en réalité). C’est Isola Sacra, un quartier de Fiumicino située sur la rive nord de l’embouchure du Tibre. Sa population est de 25 000 habitants et c’est historiquement une île artificielle mise en place sous l’empereur Trajan. Des fouilles ont permis de mettre au jour la nécropole de Portus, avec quelques mosaïques très bien conservées et des décorations peintes ou en stuc…
L’aéroport Léonard de Vinci près de Rome, vu depuis l’ISS. Crédit : ESA/NASA