Panspermie – Un constituant de l’ARN découvert sur l’astéroïde Ryugu
Un montage d’artiste pour l’échantillonnage de matériaux sur l’astéroïde Ryugu contenant de l’uracile et de la niacine par le vaisseau spatial Hayabusa-2. © NASA Goddard, JAXA, Dan Gallagher
Une étude d’échantillons de l’astéroïde Ryugu, prélevés par la sonde japonaise Hayabusa 2 par une équipe de l’Université d’Hokkaido dirigée par Yasuhiro Oba dans Nature Communications, vient de révéler la présence d’uracile, une base azotée constituante de l’ARN, ainsi que de l’acide nicotinique ou niacine, cofacteur important pour le métabolisme des organismes vivants.
Un fait de nature à relancer l’hypothèse d’une possible origine cosmique de la vie sur Terre. Formulée par le philosophe grec Anaxagore au Ve siècle avant J.-C., l’hypothèse de la panspermie a été contestée par Aristote, qui différenciait le monde céleste du monde terrestre, avant de tomber dans l’oubli. L’idée et le terme réapparurent au XIXe siècle avec les analyses des premières météorites de type chondrites carbonées tombées en Occitanie, celle d’Alais en 1806, avec des produits chimiques organiques identifiés par Berzélius en 1834, puis la célèbre météorite d’Orgueil en 1864 par le chimiste Marcelin Berthelot, qui insiste sur l’analogie entre la substance charbonneuse de ces météorites avec celles qui se rencontrent à la surface du globe. Des analyses pionnières qui fondaient, bien que le mot n’existât pas encore, le domaine de l’exobiologie.
Si au plan scientifique, la première description théorique de la panspermie est formulée par le chimiste suédois Svante Arrhenius en 1903, c’est dans le nouveau contexte de la conquête de l’espace qu’elle est remise au goût du jour en 1963, après les travaux de Donald Barber sur des processus cosmochimiques dont on pourrait trouver des traces dans les météorites et les comètes. L’année précédente, Bartolemew Nagy (Université de Chicago), et ses collaborateurs avaient en effet publiés dans la revue Nature des résultats stupéfiants au microscope révélant des « éléments organisés » dans la météorite d’Orgueil. Tandis qu’à la même époque, une comparaison des chondrites carbonées de type CI I par Brian Mason donnait un nouveau retentissement aux deux premières chondrites carbonées tombées en France. Des publications qui soulevaient toutefois des réserves et de vifs débats dans la communauté scientifique.
Le fait que ces échantillons prélevés directement sur cet astéroïde Ryugu depuis l’espace n’aient pu être contaminés comme lors de l’entrée de météorites sur Terre, est donc de nature à relancer l’hypothèse de la panspermie.
Jean-Michel Faidit