Pourquoi y a-t-il des années bissextiles ?

Crédit : NASA

Remontons un peu le temps. Dans l’ancienne Rome (vers –700) l’année comptait dix mois de durée 30 ou 31 jours. L’année comptait avec ces dix mois seulement 304 jours, ce n’est pas beaucoup ! Après le dernier mois, on ajoutait autant de jours qu’il fallait pour égaler l’année solaire qui pour les Romains était de 365 jours. Ces jours, au cours des siècles, furent intégrés à des mois supplémentaires. Le premier en l’honneur de Janus, dieu de la transition, de la guerre à la paix, fut nommé Januarius (Janvier) et fut placé en tête (29 jours). Puis après des péripéties, un deuxième mois suivit : Februarius de 28 jours pour Februa, dieu étrusque des morts et de la purification. L’année était maintenant de 355 jours donc plus courte que l’année solaire, d’où problème. Il manque dix jours !

Qu’à cela ne tienne, tous les trois ans (en fait c’était un peu plus compliqué, mais passons) on ajoutera un mois supplémentaire de 30 ou 31 jours, ouf c’est gagné ! Non, pas tout à fait, on en est à 366 jours en moyenne. Or l’année est approximativement de 365,25 jours et puis il y a la précession. En 46 av. J.-C., on avait trois mois d’avance. Là, intervint un dictateur pour le bien de tous, Jules César. Avec l’aide d’un astronome grec d’Égypte, Sosigène d’Alexandrie, il décide de mettre un terme au désordre du calendrier. C’est ainsi que naquit le calendrier qui est la base du calendrier actuel, le calendrier Julien. Un cycle de quatre ans est mis en place, l’année devient égale à 365j et 6h grâce à l’année bissextile. Trois années de 365 jours seront suivies d’une année de 366 jours. C’est l’année bissextile, année où on rajoute un jour (ce jour : le bissexte).

Ce nom ne vient pas du fait comme on le croit qu’il y a deux 6 dans la durée, mais du fait que le sixième jour avant les calendes de mars (le 1er du mois), était doublé : bis sextilis ante calendas Martias (les Romains comptaient « à reculons »). Ce jour se situait donc entre le 24 et le 25 février, ce n’est que plus tard qu’il deviendra le 29 février. Donc tous les quatre ans l’année devait durer 366 jours d’où le nom bissextile. Cela faisait donc 365,25 jours en moyenne. Or l’année solaire vaut 365,2422 jours, elle était trop longue de – approximativement – un jour tous les 128 ans. Et au cours des siècles c’est énorme !

Au XVIème siècle cela faisait dix jours, l’équinoxe de printemps tombait le 11 mars au lieu du 21, elle était trop en avance! Cela faussait aussi un événement religieux fondamental à l’époque : la date de Pâques. Le pape Grégoire XIII réforma le calendrier en 1582 en convoquant des astronomes (notamment Clavius). Il fallait supprimer dix jours au calendrier. Pour le futur, afin de résoudre le problème des années bissextiles, il décide de modifier la règle des années bissextiles (les siècles non divisibles par 400 ne seront pas bissextiles). Le grand avantage de ce calendrier est une précision de un jour en approximativement 3333 ans.

Jean-Pierre Martin