Donnons de l’ambition au lien chercheurs – médiateurs – citoyens !

Crédit : Jean-Pierre Martin

Dans un monde complexe rythmé par des crises écologiques sans précédent dans l’histoire de l’humanité, et face à la montée des populismes, de la défiance, de la perte d’esprit critique ou la tentation du repli sur soi, il est urgent de mener une bataille contre l’obscurantisme et pour l’émancipation culturelle par une accessibilité accrue aux connaissances et par un partage des sciences, techniques et innovations, comme sources de progrès social.

Permettre le développement de la curiosité et du savoir, de la réflexion, du discernement entre le croire et le savoir, c’est donner la possibilité à chaque citoyen de contribuer, dans un véritable esprit démocratique, aux choix sociotechniques, environnementaux et sociétaux qui déterminent notre avenir commun.

La tâche est immense, ardue et son issue incertaine. Pourtant, ces outils essentiels que sont la recherche et l’innovation nous permettront de relever collectivement les grands défis de l’anthropocène. Sous réserve de s’inscrire dans un processus d’apprentissage mutuel, en interaction constante avec la société.

La méfiance s’installe
Des infox aux théories complotistes diffusées majoritairement sur Internet, les enjeux sociétaux et environnementaux deviennent parfois difficiles à expliquer et la méfiance s’installe. Si cette méfiance est protéiforme, favoriser des actions engageant nos concitoyens dans la découverte et la construction des sciences, c’est participer à ce retour de la confiance par l’engagement, l’interaction et le travail de terrain.

Une culture scientifique solide, vivante, proche de la connaissance en train de se faire et accessible au plus grand nombre doit constituer un socle essentiel pour donner un sens favorable à l’évolution nécessaire du système de recherche et de son ouverture à la société.

La connaissance comme bien commun
Ainsi est-il urgent de permettre le développement massif d’interactions entre chercheurs et citoyens par des actions de médiation. Donner la possibilité de dialoguer aux triptyques chercheurs/médiateurs/citoyens c’est augmenter la réflexivité, la prise de recul sur les enjeux et apporter un autre regard sur les travaux scientifiques et leurs applications. C’est placer les sciences au cœur de l’agora, en faisant le pari d’une connaissance comme bien commun.

Il est donc nécessaire de mettre en place des zones de collaboration, de co-création des savoirs et des techniques de demain et de susciter des possibilités d’expression et de prise en charge des décisions d’orientation, par-delà la collaboration sur un projet donné. Pour cela, la France a la chance de pouvoir s’appuyer sur un réseau d’acteurs et de professionnels de la médiation scientifique, riche de sa diversité et se déployant sur l’ensemble des territoires.

Dans la loi
Cette mobilisation des forces, la contractualisation des interactions, et l’intensification des actions sont prioritaires face aux enjeux précédemment énoncés. Ces constats demanderont bien sûr du temps ainsi qu’une évolution culturelle des pratiques de recherche et de ses évaluations ; c’est pourquoi les bases de ce changement doivent être posées dès à présent, en saisissant l’occasion de la loi de programmation de la recherche discutée en 2020.

Cette loi est une opportunité d’augmenter la connaissance de chacun et de créer plus d’interactions entre les équipes de recherche et les acteurs de la médiation des sciences. Elle est l’occasion de positionner la France comme un pays ayant pris conscience du rôle fondamental du partage des connaissances pour accompagner les transitions sociétales et environnementales. Un pays décidé à affirmer et souligner l’importance de la recherche, des sciences, des technologies et de la culture scientifique, technique et industrielle pour répondre à ces problématiques de façon éclairée et démocratique.

Intensifier les collaborations
Il convient de déployer une réelle intentionnalité, qui accompagne et valorise les dispositifs construits avec les structures et institutions concernées dans tous les territoires ; ceci participant à la mise en place d’un système de valorisation sociale et environnementale des sciences et des techniques, par-delà leur simple valorisation économique.

Il est ainsi nécessaire d’intensifier les collaborations entre acteurs de la recherche et membres de la société civile, le tout accompagné par les professionnels de la médiation. De développer par exemple la formation des doctorants à la médiation scientifique, de valoriser les carrières des chercheurs engagés dans l’axe sciences et société, d’accompagner la recherche française de projets de médiation ambitieux et de dédier des moyens financiers adaptés à ces enjeux.

Des atouts existants
Ces changements sont réalistes et s’appuient sur les atouts existants de la France : des professionnels qui sont des pionniers mondiaux dans ces domaines et dont les services et programmes pourraient aisément être utilisés ou déployés à plus grande échelle.

Ils s’inscrivent dans l’urgence de mettre en œuvre des mécaniques vertueuses, réglementaires et contractuelles, qui permettront de dépasser le diagnostic actuel et ainsi de répondre aux enjeux qui nous attendent. Des collaborations créatives pour donner plus de place à la connaissance scientifique, à sa diffusion et à l’expertise des chercheurs dans le débat public, dans la décision politique et dans l’action collective. Donc dans notre société.

Signataires

Amcsti, Communicasciences – Grand Est, L’établi (Soustons), La Galerie Eurêka (Chambéry), Muséum histoire naturelle (Toulouse), Espace des sciences (Rennes), Unité des sciences et techniques Atlas (Saint Ouen), Université de Lorraine Université de Franche-Comté, Double hélice, Centre d’Astronomie (Saint Michel L’observatoire), IUT Tours – Licence professionnelle médiation scientifique et éducation à l’environnement (Tours), Science ouverte (Drancy), La métonymie (Orsay), Relais d’Sciences (Caen), Cap Sciences (Bordeaux), La Nef des sciences (Mulhouse), Terre des sciences (Angers), Institut d’électronique, de microélectronique et de nanotechnologie (Lille) Institut de recherche pour le développement – IRD, Muséum histoire naturelle (Nantes), Animath (Paris), Les chemins buissonniers (Rieumes), Tous chercheurs (Marseille), CPIE Centre Corse A Rinascita (Corte), La Rotonde (Saint-Etienne), Société astronomique de France, Sophie Bancquart, AmorScience (Plemeur-Bodou), Accustica (Reims), Aquarium tropical de la porte Dorée (Paris), Association du Pavillon Jacques de Manse (Chantilly), L’Arbre des connaissances (Paris), Conservatoire de l’agriculture Le Compa (Chartres), Carrefour des sciences et des arts (Cahors), Maine Sciences (Le Mans), Université de Lyon, La casemate (Grenoble), Université de Strasbourg – Jardin des sciences, AFA – France, Le Vaisseau (Strasbourg), Aconit (Grenoble), Université de Nantes, S[cube] (Orsay), Université fédérale de Toulouse Midi-Pyrénées, Art’M (Saint-Etienne), Université de Poitiers, Université Grenoble Alpes, La Vigie de l’eau (Vittel), Altec (Bourg-en-Bresse), Ombeliscience – Hauts-de-France, Afneus, CNRS, Musée du sable (Le Château-d’Olonne), Estran cité de la mer (Dieppe), Groupe Sciences pour tous (Syndicat national du Livre), Gulliver (Var), Université de Le Mans, Muséum national d’Histoire Naturelle (Paris), Exploradôme (Vitry-sur-Seine), Société Informatique de France, Recreasciences (Limoges), Musée des Arts et Métiers (Paris), Savoir-Apprendre (Vitry sur Seine), Ecole des Mines de Saint-Etienne, Astu’Sciences (Clermont-Ferrand), Collectif Français des Exposciences, Science Animation -Toulouse et Montpellier, Cité Nature (Arras), Carbet des Sciences (Fort-de-France), Universcience (Paris), PROSCITEC Patrimoines et Mémoires des Métiers, Musée des Confluences (Lyon), L’Université de Lille, Association Française des Parcs Zoologique (Saint Aignan), La Machinerie (Amiens), Observatoire Astronomique des Baronnies Provençales (Moydans), Zoom (Laval), CCSTI Lacq Odyssée (Pyrénées-Atlantiques et Landes), Association Class’Code, La fondation main à la pâte (Paris), Nausicaá Centre National de la Mer (Boulogne-sur-Mer), Le café des sciences, Exposciences Auvergne Occitanie Pays-de-la-loire Alsace, Cemea, Fédération nationale des Francas, Planète Sciences, Forum des Sciences (Villeneuve d’Ascq), Université de Picardie Jules Verne, Université Polytechnique Hauts-de-France, Science Action Normandie (Rouen), ESCAL’Océan (La Rochelle), Association ANAIS – Revue Alliage, Collectif Science Societe TousEnSciences (Bordeaux), Terre et Avenir (Villiers-Saint-Georges), Mairie d’Ivry-sur-Seine, Centre Sciences (Orléans) Institut Pasteur de Lille, Océanopolis (Brest), Muséum de Bordeaux, Musée Claude Bernard (Saint Julien), Science by Art (Saint-Etienne), Unisciel (Lille), Fédération des écomusées et des musées de société, OCIM (Dijon), Université Côte d’Azur, L’Arche des métiers (Le Cheylard), Avignon Université, Arborésciences (Tours), Cnam Pays de la Loire (Nantes) ; Cité de l’espace (Toulouse), Cité des Bateliers (Longueil-Annel), Pavillon des Sciences (Montbelliard), Fédération des foyers ruraux des Hauts-de-France, Société Informatique de France, Collectif pour la culture en Essonne, Musée de l’Air et de l’Espace (Le Bourget), Fédération française des MJC, Le PLUS Communauté urbaine de Dunkerque, Electropolis, Juliette Raoul Duval, Catherine Gauthier – conservatrice du patrimoine scientifique, Natacha Scheidhauer – journaliste AJPSPI, Maryline Mazeyrat, Claudia Aguirre Rios – Présidente Association TRACES, David-Jonathan BENRUBI – directeur le Labo-Cambrai, Philippe Gineste, directeur de Citéco, Judith Pargamin, conservatrice en chef du Musée d’histoire naturelle de Lille,Pr Xavier Nassif, Directeur général de l’Institut Pasteur de Lille, Julien Bobroff, Professeur à l’Université Paris-Saclay.