Cabrerolles, second cratère météoritique français


Crédit : Google maps

Dès 1950, l’hypothèse avait été émise par le spécialiste français André Cailleux que le cratère situé près de Cabrerolles, village héraultais entre Béziers et Lamalou-les-Bains, était d’origine météoritique. D’un diamètre de 220 mètres et de 50 mètres de profondeur, il abrite des vignes. Aisément reconnaissable dans le paysage, il a beaucoup soulevé la curiosité pendant une trentaine d’années.

Cependant, cette hypothèse avait été infirmée par des universitaires de la Faculté des Sciences de Montpellier dans les années 1980. Nouveau rebondissement, son origine météoritique vient d’être confirmée par des chercheurs allemands. Lors de vacances héraultaises, Frank Brenker, géologue et cosmochimiste de l’Université Goethe de Francfort, avait été interpelé par une bouteille de vin du Domaine du Météore. Aussi, au printemps 2022, il retourne sur les lieux avec un collègue et des étudiants afin de procéder à diverses analyses. Ils observent la présence de roches cimentées, désignées brèches, confortant l’hypothèse. Mais surtout, ils ramassent des sphérules d’oxyde de fer et des microdiamants typiques des cratères d’impact. Par ailleurs, ils mesurent l’intensité du champ magnétique et découvrent qu’elle est inférieure à celle des environs, une caractéristique là encore d’un cas d’impact car le choc brise et fait fondre la roche. Ce faisceau de preuves géologiques et minéralogiques vient de l’amener à publier ces résultats le 22 février dernier, confirmant que Cabrerolles est le deuxième cratère météorique de France après celui de Rochechouart-Chassenon dans la Haute-Vienne, toutefois moins spectaculaire. On parle d’ailleurs pour celui-ci plutôt d’un astroblème, étendu et atténué dans le paysage. Car il est bien plus ancien, résultant de l’impact d’un astéroïde d’environ un kilomètre il y a 200 millions d’années. Il reste encore à cerner la datation de l’impact du cratère héraultais, possiblement inférieur à 10.000 ans. Une chose est sûre : le Domaine du Météore risque d’attirer les touristes et les amateurs de bon vin, deux siècles après le célèbre « vin de la comète » attribué à la grande comète de 1811, dite comète de Napoléon, découverte par Flaugergues à Viviers quelques jours après la naissance du fils de l’empereur et associée à un cru légendaire…

Jean-Michel Faidit